La présidente de l’Union Patronale du Var, Véronique Maurel, le président régional de l’association 60 000 Rebonds, Antoine Bidet, le directeur de la Banque de France dans le Var, Jean-Luc Moya, ont organisé le 1er octobre un débat au siège toulonnais de l’UPV, dédiée à la prévention des difficultés des entreprises.
« Difficultés des entreprises : les dispositifs de détection et de soutien », telle était la thématique prisée par nombre de dirigeants à la faveur d’un débat organisée le 1er octobre dernier à Toulon par l’Union Patronale du Var et ses partenaires que sont la Banque de France et « 60 000 Rebonds ». Cette association agit partout en France pour accompagner les chefs d’entreprises dans leur quête de résilience à la suite de désagréments dans leur vie professionnelle, avec des impacts évidemment sur le plan personnel. Son président régional, Antoine Bidet, a rappelé en préambule l’importance de rebondir pour les dirigeants en proie à des traumatismes, qui essaient de les surmonter et de se reconstruire, ainsi que les tendances actuelles de difficultés au regard de la conjoncture économique complexe. Jean-Luc Moya a présenté de son côté les éléments factuels et prospectifs de ladite conjoncture. Sur fond d’attentisme et d’incertitudes, cette rentrée est contrastée, avec une croissance du PIB légèrement haussière par rapport aux prévisions (+ 1,1% contre + 0,8%), une inflation retombée à 2,5%, notamment grâce à la régulation opérée par la Banque de France, et qui est envisagée à 1,5% l’an prochain, contribuant à inverser une tendance perturbée par des aléas négatifs (guerres et dissolution de l’Assemblée Nationale par exemple). Sur le front de l’emploi, le taux se resserre au niveau historiquement bas depuis 15 ans de 7,3% (7,1% dans le Var), permettant d’espérer un potentiel plein emploi (que l’on estime à 5%). Par ailleurs, le taux d’épargne augmente encore (17,9%) et la productivité baisse à nouveau (- 4,5% depuis 2019).
Défaillances en mode accéléré
Dans ce contexte, considérant en outre l’allongement des délais de paiement qui pèsent sur les trésoreries, malgré un désendettement global les défaillances d’entreprises augmentent, tous secteurs confondus, de 25,8% en France sur les 6 premiers mois de l’année et 38,5% dans le Var. Comparées à 2019 (année de référence avant la crise Covid), les hausses sont de 18,5% au national et 22,7% dans le Var, mais le rythme des créations progresse aussi spectaculairement, en l’occurrence + 20% en France et + 30% dans le Var.
A propos des défaillances, et puisque le sujet central du débat était la prévention des entreprises, le président du tribunal de Commerce de Toulon, Patrick Romagnoli, après avoir salué l’initiative de l’UPV et de sa présidente Véronique Maurel, a rappelé la grande vigilance de la justice commerciale en la matière, rejoint dans son inquiétude par Stéphane Digani, président du tribunal de Commerce de Fréjus. Dans 80%, voire 90% des cas, lorsqu’un dirigeant se rend dans un tribunal de Commerce pour une procédure collective, de façon spontanée ou suite à une assignation, cela se termine par une liquidation, alors que 70% des tentatives de conciliation connaissent un succès. Pas de miracle, mais une règle simple : lorsque l’entreprise est en cessation de paiement, c’est trop tard ! L’adage « mieux vaut prévenir que guérir » est plus que jamais d’actualité.
Solutions en mode amiable
La prévention était justement la teneur des interventions des deux hôtes de l’événement UPV/Banque de France/60 000 Rebonds, le médiateur du crédit à la Banque de France, Frédéric Visnovsky, et le directeur général de la médiation des entreprises au sein du ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, Nicolas Mohr. Dans le cadre de leur tour de France, tous deux sont venus présenter leur « boîte à outil », porter des paroles d’espoirs et surtout un message aux chefs d’entreprises : « ne restez pas seuls, il y a des réseaux d’accompagnement, mais il faut les solliciter, les utiliser pour trouver les solutions ». Les partenaires locaux (tribunaux de commerce, banquiers, experts-comptables, Banque de France, administrations, associations comme 60 000 Rebonds...) sont là afin d’accueillir, écouter et accompagner les dirigeants (microentreprise, TPE / PME) en toute confidentialité, mais ne peuvent agir efficacement que si les problématiques sont prises à temps !
Considérant que la médiation permet leur résolution par l’entremise d’un tiers, et que dans le monde des affaires la notion de confiance est essentielle, leur écoute et leurs conseils, basés sur l’anticipation, l’accompagnement et la prévention, en fait quelque part des « tiers de confiance ». La médiation est en fait un mode amiable, à l’issue duquel les gens sont libres de décider, ou pas. Après saisine officielle, le médiateur de crédit intervient gratuitement et déploie un arsenal de mesures possibles, sachant que le premier motif (39% des dossiers) concerne les conditions de paiement et que le premier secteur touché en France est le BTP. Taux de réussite affiché par Frédéric Visnovsky : 70%. Pour ce dernier, anticiper, c’est dialoguer avec les partenaires et la médiation permet d’établir ou de rétablir ce dialogue. Selon Nicolas Mohr, l’inquiétude apparaît souvent autour des enjeux de trésorerie des entreprises alors que des signaux apparaissent avant. Le but de la boîte à outils en ligne est de mieux les détecter, en quelques clics. S’il est difficile de parler de ses difficultés, il est essentiel de dépasser les freins psychologiques et de s’adresser aux bons interlocuteurs, même si la démultiplication des acteurs peut brouiller les messages de prévention.
Reste que les « rebondeurs » ont souvent une cible dans le dos, notamment vis-à-vis des banques, d’après Antoine Bidet, et que les bonnes volontés permettant d’aider au financement post-rebond sont bien entendu les bienvenues. L’important demeure la relation humaine pour prévenir, soutenir, guérir, et… rebondir. En ayant aussi toujours à l’esprit que cela n’arrive pas qu’aux autres !
C’est par la médiation du travail que la conscience vient à soi-même
Médiation du crédit dans le Var
A l’échelle du Var, selon Geneviève Marc, directrice adjointe de la Banque de France dans le département, sur une année glissante (chiffres arrêtés en septembre 2024) la médiation du crédit a été couronnée de succès à 78%, s’agissant de 83 dossiers reçus, 55 dossiers acceptés, 39 entreprises confortées. 82% avaient un effectif inférieur à 11 salariés, 18% entre 11 et 50 salariés. 44% des dossiers éligibles concernaient les services, 31% le commerce, 15% le bâtiment, 9% l’industrie, 2% l’agriculture. Les motifs de saisine étaient majoritairement le refus d’octroi d’un financement bancaire, la restructuration du PGE, la rupture de financement existant.
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