Rappelons le, sans industrie, pas d’économie puissante ; au cours des derniers siècles, c’est elle qui a eu la capacité à se réinventer et à s’adapter aux révolutions. Certes, sa part dans l’économie française a été divisée par deux en 45 ans ! (enquête Insee) Mais tout de même : 870 milliards de chiffres d’affaires en France en 2016 soit 10 % du PIB !
L’heure du rebond serait-elle arrivée ? Rafale, paquebots ou « contrat du siècle » de Naval Group /DCNS : l’industrie française enchaîne les succès depuis un an ; de l’espoir pour toute une filière, y compris dans le Var avec le poids que représente la défense dans ce département.
L’Appim a en charge la promotion de l’industrie.
Var-Entreprises : Michel Manago, qu’est ce que l’APPIM ? (Michel Manago est président de l’Appim et dirigeant de l’entreprise Valiance – BM)
Michel Manago : C’est une association mise en place dans un premier temps dans les Alpes Maritimes en 1996 pour accompagner les industriels dans leur développement – tout taille d’entreprise et toute filière : métallurgie, chimie plasturgie, BTP, agro-alimentaire, services à l’industrie et aussi toutes entreprises utilisant un processus industriel…
Et dire qu’il y a les fleurons mais aussi beaucoup de TPE PME, qui sont parfois innovante… Dans les Alpes Maritimes, cela représente 50 % du PIB. Ce rassemblement de 140 entreprises industrielles a pour objectif la promotion de l’industrie azuréenne et celle du savoir-faire de ses entreprises, la préparation des entreprises à la transition vers demain et la sensibilisation du jeune public pour ce emploi industriel.
L’Appim agit à différents niveaux :
- l’université de l’APPIM une soirée de réflexion, un brain storming rassemblant une cinquantaine d’industriels et aboutissant sur un livret blanc ; différents thèmes sont étudiés en groupes de travail ( marchés publics, marketing digital, transition numérique des entreprises…) puis les conclusions et les propositions de solution sont proposées aux différents acteurs partenaires : CCI, syndicats professionnels, Union patronale…
- des soirées rencontres pour que les industriels connaissent bien les prestataires, fournisseurs, partenaires…
- le salon INDUSTRIA avec stands des industriels, rendez vous d’affaires préparés en amont, conférences (pénibilité, RH, technologies) showroom..
- et enfin les journées « REI – rapprochement école-industrie », pour que les scolaires et les étudiants prennent conscience de la modernité et de l’attractivité des métiers de l’industrie, et de l’actualité des compétences requises.
Le Conseil d’administration est composé uniquement de chefs d’entreprise, qui participent activement aux travaux de réflexion, à la conception de la stratégie de l’APPIM sur 3 années glissantes ; il s’agit, comme dans une entreprise, d’avancer par étapes, de manière méthodique. L’Appim 83 est en cours de mise en place en liaison avec l’UPV et Gérard Cerruti, président, est particulièrement impliqué dans ce projet.
Var-Entreprises : Gérard Cerruti, l’industrie, le parent pauvre dans le Var ?
Gerard Cerruti : Oh non, et on l’a vu plus haut, il y a de vrais succès industriels dans notre département. D’une façon générale, la désindustrialisation que nous vivons n’est pas une fatalité dans un pays mature comme la France. Même chose dans le Var, même si on a coutume de parler du tourisme comme étant l’acteur économique majeur du département. Si certains patrons évoquent – difficile de faire autrement – cette «maladie congénitale » que sont le poids des charges en France et les rigidités de son marché du travail, nous n’attendons pas les changements éventuels pour agir. Le monde est comme il est, volatile, complexe et incertain. On doit faire avec. Les entreprises industrielles, les grandes mais aussi les petites, savent parfaitement s’adapter à un marché mondialisé – sinon elles meurent ! certaines sont présentes à l’international et elles doivent le devenir plus encore. C’est là un des axes forts de leur avenir.
Et ce n’est pas toujours simple pour les plus petites, mais cela doit être – chaque fois que faire se peut- un vrai réflexe avec un effort de réflexion, d’adaptation, de formation et de communication. Certaines se sont appuyées, pour les plus petites,sur des systèmes locaux mieux ajustés à leurs possibilités et à leurs besoins.
V-E : Sur quels axes vous semble-t-il pertinent de travailler ?
Gérard Cerruti : L’industrie qui représente dans le Var entre 10 et 12 % du Pib, selon qu’on y intègre ou pas le BTP, comporte effectivement de véritables fleurons. J’en retiendrais principalement deux comme l’économie maritime pour partie liée à la présence historique de l’armée – armée de terre et marine nationale. 1er Technopôle scientifique et technologique en Europe, centré sur les activités maritimes, la sécurité et la sûreté maritime, la défense et le développement durable, le technopôle de la Mer repose sur les hautes technologies marines et sous-marines : en parallèle, la Base navale de Toulon est le 1er site industriel et le 1er employeur du Var : 2 400 personnes y travaillent chaque jour, et 2 500 entreprises bénéficient de contrats avec cette grande réalité industrielle.
Ce sont aussi les activités autour de la plaisance et le yachting : construction de bateaux, réparation y compris pour les plus gros Yachts sur Saint-Mandrier : … Une concentration naturelle et historique de PME industrielles et technologiques au service de la maintenance et réparation navale, une vraie fierté du Var.
Environnement, BTP, agro-alimentaire…
Une centaine de sociétés et de bureaux d’études innovants sont, dans le Var, spécialisés dans le traitement et le recyclage des déchets, le traitement de l’air et de l’eau, la fabrication d’écoproduits, l’analyse des risques, les énergies renouvelables, le bâtiment durable : le Var accueille le centre de production d’éco-matériaux en France, porté par ENVISAN France, pour valoriser des sédiments non-immergeables issus d’opérations de dragage ainsi que des terres polluées issues de chantiers de terrassement dans le secteur du BTP. C’est encore un parc solaire étoffé parmi les plus modernes de France : plus de 20 implantations sur 2 000 hectares représentant environ 1 000 MWc. L’Eco-construction et efficacité énergétique des bâtiments : le BTP est la 2ème activité économique du Var après le tourisme et les process de fabrication de matériaux en font de véritables industriels.
L’agro-alimentaire est également une filière forte, liée à la marque Provence et à la qualité, à la variété des produits agricoles, du vin, de la pêche. Il y a là une vraie carte à jouer, avec l’évolution des tendances alimentaires ; c’est une activité fortement exportatrice. Dans tous ces domaines, nombre de Pme et même de TPE industrielles varoises ont su développer des méthodes et/ou des produits et/ou des modes de fabrication innovants – tout ce qui aide bien à l’exportation !
Grâce à l’Appim 83, ces industries grandes et petites vont pouvoir bénéficier des savoir faire de l’Appim 06 et de ceux de l’UPV en matière social et juridique, en matière de financements, d’opportunité de networking, s’appuyer sur les évènements tels que VAR UP ; la création d’une communauté Appim 83 sur « place de marché.biz » sera dans cette logique des technologies de l’information au service du développement de l’industrie varoise.
En conclusion, pour que le Var porte une véritable industrialisation, il faut travailler sur l’internationalisation des PME-TPE et les aider ainsi à devenir des ETI (entreprises à taille intermédiaire), jouer à fond la transition numérique et soutenir l’investissement dans les nouvelles technologies : pour ce faire, repenser le financement de l’innovation en re-développant une culture de la prise de risques chez les différents types de financeurs.
De cette dynamique, de notre aptitude à mobiliser la jeunesse sur ces métiers et ces compétences, va dépendre la situation de l’emploi en France et la stabilité sociale de notre pays.