L’IA s’est invitée à tous les étages du 22e VAR UP, de l’ouverture le matin dans la grande salle du Palais des Congrès Neptune de Toulon jusqu'au village des experts au niveau supérieur. Plus de 3 000 personnes ont répondu à l’appel de l’UPV et de ses partenaires.
Beaucoup de monde en ce 26 septembre au Palais Neptune de Toulon, dès le matin pour une ouverture à 9 heures, histoire de bousculer d’entrée les neurones. Véronique Maurel, présidente de l’Union Patronale du Var, a ouvert le bal de la 22e édition de ce salon « maison », estampillé CPME, rendez-vous incontournable de l’entrepreneuriat dans le département, condensé de société(s) en un jour et un lieu. « Il est important de rappeler que la CPME représente 239 000 entreprises et plus de 3 millions de salariés. Nous sommes un syndicat patronal, nous sommes des militants ! », a-t-elle souligné. « Merci à ce propos à celles et ceux qui nous permettent de gagner collectivement tous les jours et à tous les bénévoles qui s’engagent à nos côtés pour défendre l’entreprise. Ne perdez pas de vue que les entrepreneurs comme vous, comme moi, sont des créateurs, des faiseurs, des acteurs de la vie économique, parfois même associative, sociale ou politique. Dans les petites et moyennes entreprises tout particulièrement, nous savons à quel point, pour bâtir, il faut une stabilité à long terme sans nous changer ou nous charger toutes les années de nouvelles contraintes et de réglementations complexes. Si j’ai un seul message à faire passer à nos gouvernants, c’est « laissez-nous travailler et investir sereinement ! ». Je voudrais enfin remercier l’ensemble des partenaires de VAR UP qui nous sont restés fidèles et facilitateurs, et aux nouveaux qui nous rejoignent malgré le contexte économique compliqué. Et à vous tous, merci d’avoir répondu présent ».
IAnachronique
La présidente a abordé également la thématique centrale de cette année, l’Intelligence Artificielle (IA). « C’est évident, Nous allons vers une nouvelle aire qui va impacter notre façon de travailler, voir émerger de nouveaux métiers et voir certains évoluer. C’est une vraie révolution qui s’annonce et nous devons dès à présent nous y préparer. C’est toute l’idée de ce Var UP 2024 : nous aider à mieux comprendre l’Intelligence Artificielle. Parce que je suis avant tout une chef d’entreprise, je peux témoigner que l’IA nous permet d’avoir une vision nouvelle sur la façon d’anticiper certains problèmes et dans la prise de décisions. Surtout dans le secteur aéronautique qui est le mien. Et on sait à quel point dans l’espace la question de « révolution » est essentielle pour être mis en orbite. En résumé, nous l’avons intégré dans notre fonctionnement sans appréhension, mais comme une aide importante ».
Après avoir donné la parole par vidéo enregistrée pour l’occasion au président national de la CPME, François Asselin, reçu au même moment par le Premier Ministre mais qui avait tenu à témoigner de son amitié, de son soutien et de son admiration pour le travail accompli à Véronique Maurel, cette dernière a enchaîné en innovant par un dialogue avec une certaine Jeanne en armure… Un exemple remarquablement réussi d’utilisation de l’IA, à la faveur d’un échange anachronique, (sur)réaliste, permettant de faire passer des messages, notamment sur la place de la femme dirigeante, rendu possible grâce au remarquable savoir-faire de la société Acteam IT à Toulon, d’Alexis Jalley et de son équipe de professionnels, dont nous reparlons prochainement. Comme nous reparlons bientôt du réseau EVE, « Entrepreneuriat des varoises engagées, le leadership au féminin », lancé à VAR UP par deux personnes particulièrement impliquées à l’UPV, Patricia Lassault et Claire Rouyer.
Chronique de l’IA
Après la grande ouverture, la grande conférence, confiée au brillant économiste et universitaire Philippe Dessertine, qui arpente souvent les plateaux de télévision pour porter son savoir et surtout à connaissance de tous les évolutions technologiques, sociologiques, historiques, de la société. En l’occurrence celle de l’IA. « Ce n’est pas une révolution comme les autres, comme tant d’autres. Ce n’est pas le minitel, c’est une rupture », selon lui. Une rupture dans la manière de vivre, de produire, de consommer, dans les chaînes de valeur, de la boulangerie à la grande entreprise de tech, jusqu’aux satellites… Bref, « un bouleversement fondamental qui n’a pas encore donné lieu à toutes ses évolutions », dont le conférencier situe le premier acte visible au 30 novembre 2022, jour de l’arrivée de Chat GPT et de l’IA Générative. « Nous sommes désormais dans quelque chose de différent par rapport à tout ce que l’on a connu, que toute la mémoire réunie ne peut imaginer ».
Nous devons en effet intégrer l’IA et inventer un nouveau modèle économique, car le monde est en dérèglement climatique. C’est l’essentiel, le grand défi, d’autant qu’à cette problématique s’en ajoute une deuxième, l’augmentation démographique exponentielle mondiale. La rupture technologique est ainsi plus que jamais source de toutes les opportunités pour changer de paradigme. En outre, « notre modèle est obsolète, issu de la révolution industrielle (NDLR : 1760 - 1840) et il a été inventé pour un autre modèle de vie. Durant deux siècles de développement, nous avons fait autre chose. Maintenant, nous devons proposer 80 ans d’espérance de vie à tout le monde et une population âgée ne se considère pas de la même manière, ne consomme pas la même santé ». Si notre croissance a reposé sur la démultiplication de l’offre, jusqu’à l’obsolescence programmée, laissant la main aux ingénieurs avant les années 1950, puis, par décennies successives, aux vendeurs, aux spécialistes du marketing, aux contrôleurs de gestion, aux financiers, améliorant les marges, ce n’était pas du vrai PIB pour Philippe Dessertine.
De conjecture en conjoncture
« C’était un PIB artificiel, avec une innovation au point mort jusqu’en 2002 et la résolution de la « conjecture de Poincaré » par le Russe Grigori Perelman ». Devenue théorème de Perelman, cette problématique mathématique énoncée près d’un siècle plus tôt par ce génie a « lancé la plus grande révolution scientifique de tous les temps. Cela permet, par le digital, de décupler l’énergie du cerveau humain, de révolutionner la conscience. Toutes les recherches se sont remises en marche de façon prodigieuse. Big data appliqué à la génétique, c’est la possibilité d’éradiquer le cancer, c’est passer de l’autre côté du rideau. Il faut s’attendre à un déferlement d’innovations qui vont changer nos vies ! ». Cette rupture nécessite néanmoins une mobilisation générale, ne serait-ce que pour supprimer la verticalité au profit de fonctionnement horizontaux, entre autres bouleversements dans nos organisations, considérant que si nous produisons différemment nous allons créer une valeur différente, de l’incorporel. Ce nouveau monde a besoin de capitaux qui rentrent et qui puissent ressortir, mais aussi de règles, d’éthique. « Chaque société humaine doit dire ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas. C’est notre rôle et celui de l’Etat ». Au regard des enjeux, le développement sera durable ou ne sera pas, telle est l’équation aujourd’hui parfaitement connue…
Présentations d’entreprises, de dirigeants, reportages sur des initiatives privées et publiques concourant à l’activité économique, analyses de conjoncture, retours sur des événements.