Travailler demain, l’Apec dessine le(s) cadre(s)

Le siège toulonnais de l’UPV était le théâtre du 25 au 27 novembre d’une exposition immersive inédite nationale de l’Apec sur les enjeux du travail de demain, à l’horizon 2030. Une approche remarquable, de nature à prévenir les chocs qui se profilent.

« La demande d’une étude prospective sur le futur du travail a été décidée en conseil d’administration paritaire, à la sortie de la crise Covid. Une belle anticipation des bouleversements alors en cours et de ceux à venir », commente Sabine Montagu. Selon la responsable du centre Toulon/Avignon de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), qui couvre 4 départements (Var, Vaucluse, Hautes Alpes et Alpes de Haute Provence) sous l’autorité du délégué régional, Anthony Fumard, « dès les premiers travaux présentés, en 2022, il a été décidé de ne pas garder cette masse considérable d’informations de grande qualité pour nous et de la mettre en partage sous la forme d’une exposition ».

A la faveur de plus de 600 sources croisées autour de l’emploi et de nombreux partenariats, l’exposition immersive et interactive « Travailler demain, quels futurs se dessinent », a vu le jour en deux versions, une au siège parisien et une itinérante. 15 grandes tendances ont été dégagées, résumées en quatre « chocs » qui portent bien leurs noms et impactent largement : numérique, démographique, écologique et transformation du travail.

Quelque 40 dates plus tard, plus de 9 000 visiteurs en France ont pris connaissance des changements profonds qui vont bouleverser la vie quotidienne professionnelle et personnelle dans un futur plus ou moins proche. En fait, ils la bouleversent déjà. Un public de cadres principalement, visés par la démarche, en provenance de grandes, moyennes et petites entreprises, mais pas que, des jeunes aussi, des dirigeants, des acteurs de la vie publique et privée, ont pris mieux conscience, partout, des grandes mutations grâce à cette immersion incluant une projection futuriste à travers trois personnages via des outils de design thinking et d’IA.

Tenir les chocs

A Toulon, l’Union Patronale du Var était le lieu propice pour accueillir l’exposition de l’Association pour l’emploi des cadres, avec laquelle elle partage, outre des locaux, le paritarisme de terrain (le comité paritaire Paca Corse de l’Apec a largement soutenu Sabine Montagu dans son initiative). Dans la salle Boyer du rez-de-chaussée, plus de 300 visiteurs sont venus du 25 au 27 novembre écouter les explications très pédagogiques de l’équipe Apec, échanger, poser des questions pour mieux comprendre le monde qui bouge, décrypter les tendances à venir, anticiper les futurs possibles, alors que le travail, central dans nos existences, cherche sa nouvelle raison d’être. « Cette mise à plat de l’information suscite avant tout de l’étonnement », commente Sabine. Il s’agit de poser les sujets par rapport à ce que l’on entend dans les médias, et plus encore à ce qui est diffusé dans les réseaux sociaux. Cela clarifie les choses, en plus de surprendre ».

Une vraie analyse et non une vue de l’esprit ou du commentaire sur du commentaire, ce qui se passe de plus en plus souvent dans notre société médiatique moderne au sein de laquelle l’éthique est souvent confondue avec l’étiquette. Les thématiques se répondent dans une approche systémique et inspirante qui identifie les enjeux, jusqu’à la quête de sens. Cela éclaire, rassure et inquiète en même temps. Forcément, toute vérité n’est pas bonne à entendre, mais permet d’appréhender chaque « choc » du changement de paradigme actuel.

Si l’accélération est partout visible, sur le numérique incarné désormais par l’IA, sur l’écologique avec un impact sociétal et économique indéniable, sur la relation au travail transformée, le choc démographique montre pour sa part plus encore du doigt à quel point la France vieillit. Doucement, mais sûrement, d’une façon moins évidente que le reste, cette tendance projette des conséquences profondes. En 2030, 1 actif sur 5 aura plus de 55 ans ; les personnes âgées de 75 à 84 ans vont augmenter de 50% (soit 6,1 millions). Quid de nos modes de vie, de la gestion (y compris en termes de financement) du vieillissement, de la formation, de l’emploi, de l’allongement de carrières, de l’employabilité des seniors, des politiques de migration ?

Sur tous ces sujets, et bien d’autres, il faut tenir le… choc, et la bonne information n’est, elle, pas de trop !