« L’œuvre d’art est un arrêt du temps », disait Pierre Bonnard, célèbre peintre/sculpteur qui vécut au Cannet, sur la Côte d’Azur. Encore faut-il que l’arrêt ne soit pas définitif… Malgré le mode dégradé de l’économie qui rejaillit sur la société en général et par voie de conséquences sur la culture, David Mac Millan ne manque pas d’envie et d’ambition pour épater (dans) sa galerie Davelia, à Toulon.
Ecossais arrivé en France il y a 32 ans par le travail, en l’occurrence à France Telecom, David Mac Millan ne cesse de cultiver sa curiosité érigée en passion pour l’art, au point de fonder sa propre galerie en 2015, en haute ville de Toulon, au 21 de la rue Peiresc. « Quant on est libre et disponible, autant se rapprocher de ce qu’on aime, avec l’envie de créer quelque chose d’utile, une plate-forme culturelle multidisciplinaire unissant la poésie aux arts de la peinture, de la sculpture, de tous les styles… ». Un champignon culturel propice aux rencontres, de personnes et d’idées, en vue de nouvelles inspirations. « Etre galeriste cela s’apprend, c’est un métier », reconnaît-il, tout en ayant le sentiment d’avoir franchi un cap dans ce domaine, au point d’intéresser des artistes internationaux. Le cap en question est jusqu’à présent très français et très sudiste, par choix délibéré, mais son précepte n’a pas de frontière : « est ce que cela me plaît et vais-je m’entendre avec l’artiste ? Il n’y a pas de plaisir s’il n’est partagé ! ». Après avoir attiré son regard, ses expositions doivent attirer celui des visiteurs et potentiels clients, tout en provoquant l’échange, l’autre préalable de sa satisfaction. « Je suis toujours à la recherche du point d’harmonie, incluant la convivialité. Je veux que les gens viennent, qu’ils disent bonjour, qu’ils soient souriants parce qu’ils se sentent bien ici, qu’ils repartent avec contentement en plus de l’œuvre de leur choix ».
Tout ceci nécessite bien entendu de pouvoir ouvrir, ce qui a été fortement contrarié par la crise Covid, à l’image du moral de la population. « La confiance est partie. Le commerce du week-end a été doublement abîmé par les gilets jaunes puis par la crise sanitaire et ses confinements. C’est très difficile pour une galerie privée comme la mienne et tout autant pour les artistes qui sont empêchés de montrer leur travail ». D’en vivre aussi. Dure réalité d’une culture sans filet de protection ni subventions publiques…
Elargir le cadre…
Cette galerie de 36 m2 expose à nouveau à compter du 19 mai des artistes de la région, parmi lesquels Marc Tigrane, grand peintre varois depuis les années 80. « Une fierté de le recevoir, avec son univers, ses tribus ! ». Exception actuelle, un sculpteur de masques en acier damassé (mélange de deux types d’acier), basé dans la Nièvre. Ses réalisations sont pour le moins d’actualité (…). L’actualité, justement, de David Mac Millan, est elle aussi multidisciplinaire. Il affine son enseigne, évoluant de Flor Davelia en DaveliaGalerie, histoire l’élargir son champ de vision en même temps que le regard des autres. Il encourage par ailleurs plus que jamais les dirigeants d’entreprises à user plus souvent que de coutume des dispositions offertes par la loi du 1er août 2003 relative au mécénat, aux associations et aux fondations. A la faveur de cette bonne œuvre législative impulsée par le Président Jacques Chirac, la France a changé de paradigme culturel et le mécénat connait depuis une montée en puissance exponentielle. Un grand dessein dont le cadre a permis de compléter le tableau en faisant entrer le culturel dans l’économique et vice-versa. Ainsi, pour une entreprise, la défiscalisation pour mécénat est de 60% du don dans la limite de 0,5% du CA HT, sachant que l’achat d’œuvre d’art fait l’objet également de déductions intéressantes sur 5 ans d’exercice, dans la même limite et pouvant aller jusqu’au prix d’acquisition. Encore faut-il exposer ladite œuvre durant 5 années minimum dans un lieu recevant du public. « Au-delà de l’aspect financier, qui n’est pas négligeable et peut déclencher l’intention, bien d’autres effets découlent de l’achat ou de la location d’un tableau. Au mur, il change l’ambiance de la pièce et brise la glace entre les personnes présentes. Cela crée une humanité, incite au dialogue, ou au minimum fait converger l’attention. Je pense profondément qu’afficher un tableau c’est afficher une partie de soi », plaide-t-il.
… et l’esprit
Cette quête de rayonnement, il la cultive aussi par l’enchantement de la poésie, prenant l’image au mot et permettant à l’imagination de donner au tableau espace et profondeur, pour paraphraser Henri Matisse, autre illustre résident régional (Nice). « Il m’importe d’ouvrir mon lieu à ces formes croisées de découvertes artistiques », revendique David Mac Millan. L’automne s’annonce propice à un triptyque événementiel initialement programmé au printemps, incarnant cette inclinaison. Le parisien et toulonnais d’adoption Henri Yeru, exposera ainsi à la Galerie Davelia ses œuvres en trois phases consécutives à partir du 24 septembre, « Du geste à la forme » (travaux sur la couleur), « Matière, Mémoire, Mouvement » (hommage au noir et blanc), et « Mot pour Mot, Trait pour Trait ». Ce dernier volet fera (re)vivre à travers peinture et poésie les « alliés substantiels » de René Char que ce peintre plasticien semble tant affectionner. Les portes seront ouvertes et les amateurs pourront en jauge réduite goûter, jusqu’à la sidération, qui sait (?), ces fulgurances mêlées que le galeriste apprécie tant. « Est-ce que je veux la précision ou l’impression », questionne-t-il en outre, pour mieux interpeler et laisser libre cours à l’esprit de chacun. « L’Art, c’est le reflet de l’âme humaine éblouie de la splendeur du beau » pourrait lui répondre en dialogue anachronique Victor Hugo…
Repères
Davelia Galerie, Galerie d’art Fondateur-dirigeant : David Mac Mellan 21 Rue Peiresc 83000 Toulon Tél : 04 94 62 74 11 www.flordavelia.com