La filière gaz, élargie au monde de l’entreprise, du bâtiment, de l’immobilier et des organismes HLM, s’est réunie à l’UPV autour de la présidente Véronique Maurel afin de manifester sa désapprobation à propos du projet d’interdiction des chaudières gaz, individuelles et collectives.
« Je suis contente de vous accueillir au siège de l’Union Patronale du Var afin de vous permettre de vous informer, d’échanger, de prendre position aussi, sur un sujet énergétique de première importance, répondant à la demande de la Fédération du BTP du Var, de l’Union des métiers du génie climatique de la couverture et de la plomberie (UMGCCP) de la FFB, de la Capeb du Var, de la Fnaim du Var, de l’Unis Paca et de Var Habitat, plus important office Hlm du département », s’est exprimée la présidente Véronique Maurel en ouverture d’une réunion de première importance pour la filière gaz élargie aux secteurs d’activité précités.
De quoi s’agit-il ? Les pouvoirs publics ont ouvert jusqu’au 28 juillet dernier une vaste concertation sur la décarbonation des moyens de chauffage dans le bâtiment, dans le cadre de la planification écologique, à dessein d’interdire le remplacement des chaudières à gaz, individuelles et collectives, dès 2026, et d’augmenter le taux de Tva de 5,5% à 20% pour la pose et l’installation de ces équipements à compter de 2024. Or, les professionnels, tout en souscrivant aux enjeux, prônent une autre voie, à savoir que « ce n’est pas la chaudière gaz qu’il faut interdire mais le gaz qu’il faut verdir, tout en réduisant les besoins ! ».
Enjeux de premier plan
Les enjeux dans l’environnement direct de la filière des chaudières à gaz sont de première importance, ne serait-ce qu’en termes d’emplois. En l’occurrence 1 900 dans le Var, 12 000 dans la Région (à 80% des TPE), 179 000 en France, impliquant des dizaines de milliers d’entreprises et un poids économique de premier plan. En outre, il existe 12 millions de points de livraison, soit environ 30 millions de personnes touchées par le chauffage au gaz, ce qui correspond à près de la moitié de la population (un quart de revenus modestes ; un tiers en précarité énergétique…).
Considérant que les dirigeants et syndicats ont évidemment leur mot à dire, « l’UPV joue son rôle de centre névralgique de l’entrepreneuriat dans le département, de défense des chefs d’entreprises, sources incontournables de création d’emplois, de richesses et d’attractivité du territoire, en étant à l’écoute des besoins, en ouvrant le dialogue et en le faisant savoir », a affirmé également Véronique Maurel. Le sujet mérite bien plus qu’un simple décret à l’issue d’une concertation d’été en ligne. Les professionnels ont déjà investi ou projeté de le faire dans des gaz verts, considérant que la consommation de gaz dans notre pays sera renouvelable à 20% en 2030 et à 100% en 2050 ! « Nous sommes tous responsables dans nos comportements et nous tenons à la planète autant que tout le monde, sachant qu’il n’y a pas de plan B. Nous portons aussi cette pédagogie écologique et durable au sein de nos sociétés, auprès de nos ressources humaines qui font de même ensuite dans leurs foyers. Si l’on supprime toutes ces entreprises et leurs salariés, au-delà de l’immense préjudice économique et social, on se prive de cette éducation à la transition écologique et en corollaire de la possibilité de la réussir en la transformant en principe économique, ce que nous savons faire au quotidien dans nos activités », selon la présidente.
Réalité du terrain
Tour à tour, les professionnels en question, approuvés par GRDF, ont dénoncé une vraie fausse concertation, craignant d’une part que tout soit déjà décidé, mais voulant défendre la filière avec force de conviction, réclamant un débat réel. En fil rouge de leur revendication alternative, le mix énergétique, incluant le gaz, solution équilibrée et raisonnable, prenant en considération les nécessités climatiques. Frédéric Auger, président de la section plomberie/génie climatique de la FFBTP83, a évoqué une « menace sur tout un écosystème », rappelant que les chaudières gaz sont majoritairement fabriquées en France et participent à notre souveraineté industrielle. Un risque de disparation « d’une filière d’excellence française » dénoncé conjointement par Lionel Grenier, de la Capeb, tout en s’interrogeant sur l’accentuation du black-out électrique tant craint l’hiver dernier par les pouvoirs publics. Philippe Faitiche, délégué régional Paca de l’UMGCCP, a plaidé de même pour un mix énergétique, mettant en garde contre des solutions alternatives hors de prix et/ou de portée technique.
De vives inquiétudes financières émises par Olivier Bernard, chargé de mission de Var Habitat, au regard des 7 500 logements sur les 16 000 du parc de l’Office qui sont équipés en chauffage individuel gaz. A l’insatisfaction des locataires et des bailleurs sociaux, se rajoutera celle des propriétaires, copropriétaires, investisseurs dans l’immobilier, d’après Patrice Baille, au nom de la Fnaim du Var. Surtout si l’on veut remplacer le gaz par l’électricité, ce qui serait un non-sens doublé d’une « méconnaissance coupable de la réalité du terrain, oubliant les volets technique et juridique », a expliqué Jean-Luc Lieutaud, président d’Unis Paca (union des professionnels de l’immobilier). Les nouvelles normes de diagnostic de performance énergétique des biens ont déjà bouleversé le marché des logements ayant besoin de rénovation, faisant la part belle aux investisseurs par rapport aux petits propriétaires.
Attention à ne pas creuser plus encore les inégalités au nom de la décarbonation, au risque de mettre de l’eau dans le gaz et de générer des tensions pour le moins… électriques.