Véronique Maurel, présidente de l’Union Patronale du Var et de la CPME 83, s’inquiète au nom des chefs d’entreprises qu’elle représente du blocage du pays sur fond de réforme des retraites.
« Nous avons d’autant plus besoin d’être au front et en vigilance que la Covid, la guerre en Ukraine, l’inflation, la spéculation au long cours, la crise énergétique, le besoin de main d’œuvre, ce n’est pas fini ! », expliquait lors de son discours de vœux de début d’année Véronique Maurel, présidente de l’UPV et de la CPME 83, appelant à la solidarité, à l’empathie, à l’écoute de l’autre.
On ne peut pas vraiment dire que les conditions de cette réforme des retraites et surtout la tournure des événements aillent dans cette direction. « Du sens commun, c’est ce qu’il faut retrouver et c’est ce que demandent les chefs d’entreprises et leurs salariés qui sont un peu plus empêchés chaque jour d’aller travailler », déclare la présidente.
Il ne s’agit certainement pas de s’immiscer dans un conflit de lutte tournant au dogmatisme et au règlement d’un compte qui n’a plus rien à voir avec le sujet initial, mais bien de respecter la liberté de choix de chacun. « Celui de faire grève comme celui de travailler. Le dilemme est historique et tant d’exemples montrent que le rapport de force est souvent la règle, les dommages collatéraux aussi, malheureusement », regrette-t-elle.
Tous ces dommages, y compris ceux consécutifs à la période gilets jaunes qui a grevé, justement, considérablement l’activité des commerces en centres-villes, ont également entamé la capacité des entreprises à entreprendre, à créer des emplois, des richesses, ce qui est leur objet, à contribuer à l’attractivité territoriale, aussi, en corollaire.
Rapport de force
Selon Véronique Maurel, « les chefs d’entreprises sont petit à petit atteint dans leur optimisme, dans leur créativité, dans leur engagement. Nous avons des responsabilités vis-à-vis de nos salariés, de leurs familles, de la société dans son ensemble. Dans notre grande majorité nous sommes des petites et moyennes entreprises, avec des marges souvent réduites et une sensibilité accrue aux soubresauts de l’économie. Quand tout n'est plus que perturbations, chaque nouvelle étape aggrave la situation. Et pour certains cela va casser, inéluctablement, avec des conséquences sur les employés car tout le monde est dans le même bateau. Alors couper l’alimentation d’essence et priver les gens de travailler, ou pire, d’aller voir des proches malades ou dans le besoin, c’est la goutte de trop. Que les uns et les autres prennent leurs responsabilités, et plutôt que de se renvoyer la balle, imaginent de nouvelles formes de ce rapport de force en question. Les personnes que certains définissent comme la majorité silencieuse font tout autant partie du peuple que celles et ceux qui s’en revendiquent, depuis les hautes sphères jusqu’à la France d’en bas, et n’ont pas à le subir une fois encore, une fois de trop ! La résilience ne fait et ne peut pas tout ».
Pour l’heure et en espérant l’avènement d’un nouvel âge de raison, l’Union Patronale du Var essaie d’apporter ci-dessous à son niveau des réponses aux employeurs et salariés qui s’interrogent sur les alternatives, s’agissant de télétravail quand c’est possible et de l’utilisation de réserves d’essence pour approvisionner les employés.
Eclairages de Lou Derin, juriste conseil à l’UPV :
Salariés dont le télétravail n’est pas possible
« L’absence pourra ici être « justifiée » si le salarié peut démontrer qu’il est dans l’impossibilité de se rendre au travail, si toutes les stations autour de son domicile sont vides par exemple, ou s’il n’a aucun moyen de transport (bus, train, vélo, covoiturage…). Cette absence n’est pas rémunérée. Pour éviter la perte de salaire il est possible de s’entendre avec l’employeur pour poser des congés ou des RTT ».
Approvisionnement en essence par l’employeur
« Il s’agira ici d’un avantage en nature temporaire qui sera soumis à cotisations. Un avantage en nature étant un élément de rémunération du salarié, il est impératif de conclure un avenant au contrat de travail du salarié conditionné à la durée de la pénurie et à la quantité de carburant dont dispose l’entreprise.
Compte tenu de la période actuelle, il peut être utile de conclure cet avenant pour une durée déterminée de 1 à 2 semaines et le reconduire au besoin. Aussi, il est possible dans un souci de simplicité de décider qu’un salarié pourra être approvisionné X fois dans la semaine ou X fois toutes les X semaines ».
Les lois claires en théorie sont souvent un chaos à l’application
Informations juridiques, pratiques, sociales, sur le monde du travail, une réforme, un décryptage de nouvelles mesures, de problématiques de société, un point de vue.