Dracénie : une consultation économique qui fait sens

La délégation de Draguignan et du Haut Pays Varois de l’UPV a mené une vaste consultation économique auprès des acteurs publics et privés du territoire afin de mieux penser l’avenir ensemble. La restitution a été présentée le 23 octobre au Château Sainte-Roseline (Les Arcs) et reçue par ces derniers comme un point de départ d’une nouvelle façon de faire sens commun.
Dès sa prise en fonction à la tête de l’Union Patronale du Var, en juin 2022, Véronique Maurel, également présidente de la CPME 83, s’est attachée à porter une attention particulière aux territoires, représentés par des délégations au sein de la première organisation syndicale de France. La Dracénie, qu’elle connaît bien pour y résider, y exercer son activité professionnelle et avoir présidé un temps l’entité locale de l’UPV, constitue selon elle « un territoire à fort potentiel et à défis nombreux. L’économie y est fragmentée, l’industrie peu développée et certains indicateurs montrent des marges de progression. C’est pourquoi j’ai souhaité que cette étude issue de la consultation soit non seulement un état des lieux, mais surtout un appui concret pour penser l’avenir, identifier des leviers à activer, des partenariats à mobiliser, des stratégies à développer. A l’UPV, nous croyons en la force d’un dialogue permanent entre les acteurs publics, privés, institutionnels, territoriaux ».
Porter la voix des entreprises
Philippe Favoroso, vice-président de l’UPV en charge de la délégation de Draguignan et du Haut Pays Varois, a conduit cette consultation économique avec l’appui des élus de son bureau, du secrétaire général Marc-Antoine Moché, et de la responsable des délégations, Christelle Caillaud. « L’idée est née en février dernier lors d’un débat syndical à Draguignan consacré au développement de l’économie de notre territoire », a expliqué Philippe Favoroso lors de la restitution de l’étude, le 23 octobre au Château Sainte-Roseline des Arcs. « Les attentes identifiées ont donné envie de chercher des réponses et en même temps de porter la voix des entreprises dans le débat, auprès d’une large représentation d’acteurs de terrain, dont les maires, les militaires, les enseignants, les dirigeants dans de nombreux secteurs ».
Après six mois de consultation, la vision écrite, réelle et concertée de l’économie constitue un point de départ pour une construction partagée, afin conjointement de rendre la Dracénie plus collective et efficiente. Devant nombre de ces acteurs, la cartographie économique et sociale du territoire de la DPVa (Dracénie Provence Verdon agglomération), comprenant des données comparatives avec les EPCI voisins au sein de l’arrondissement de Draguignan, a permis de poser un état des lieux éclairant, passant au crible freins et opportunités, avant de formuler des préconisations.
Idées longues et circuits courts
22 préconisations en l’occurrence, à débattre. Ce que n’a pas manqué de faire d’emblée Myriam Garcia, sous-préfète, à propos d’un projet de territoire dans les locaux de la sous-préfecture, soulignant au passage que l’Etat est aux côtés des entreprises. Richard Strambio, président de Dracénie Provence Verdon agglomération et maire de Draguignan, faisant pour sa part quelques rappels historiques qui facilitent toujours la compréhension.
Pour aller plus loin dans le sens d’une meilleure connaissance de l’activité, figurent parmi les premières propositions formulées la tenue annuelle d’un conseil d’agglomération rassemblant les acteurs économiques et le renforcement du service de développement économique de la DPVa, le tout assorti de rendez-vous d’information réguliers et thématiques.
L’agriculture était bien évidemment au cœur du manifeste et des échanges, Aurélie Bertin, hôte des lieux en son Château Sainte-Roseline, évoquant le grand projet d’agritourisme mené sur la Dracénie auquel toutes les parties prenantes publiques et privées participent. Les planètes s’alignent pour faire monter en puissance l’agriculture vivrière, a prôné en connaisseur et en première ligne sur le sujet avec ses magasins U Stéphane Benhamou, président adjoint de l’UPV et président du Medef Sud. Cela étant, revers de la médaille du succès des terroirs viticoles de Provence, le prix exorbitant du foncier agricole pose problème aux collectivités pour préempter les ventes et accompagner l’installation des jeunes agriculteurs, a précisé très justement Valéry Marcy, maire de La Motte, sans parler de l’impact sur les successions… La notion de circuits courts, associée prioritairement à l’agriculture, a été également recommandée dans les conditions d’échanges commerciaux sur tous les secteurs d’activité (commerce, services, travaux).
Filières d’excellence
Le foncier dans sa globalité, denrée rare pour installer des entreprises, surtout en vue de réindustrialiser, a fait l’objet de plusieurs préconisations sur le volet urbanisme de l’étude (recensement, pré-instruction des demandes, mise en place d’un architecte conseil). Un travail en amont sur le foncier et dans la concertation avec les entreprises qui est essentiel selon le maire de Callas, Daniel Maria. En outre, il ressort que la labellisation « territoire d’industrie » est un atout pour l’essor de la Dracénie qu’il convient d’accentuer, avec les plus vifs encouragements du Général Jérôme Ransan, commandant l’Ecole d’Infanterie de Draguignan, qui a clairement formulé le besoin d’entreprises, entre autres innovantes, sur des segments d’activité en dehors des gros marchés, dans l’environnement direct des forces armées, se félicitant de l’existence d’une cellule dédiée par l’Union Patronale du Var. Laquelle, au regard du rôle éminent de l’armée en Dracénie, s’est impliquée activement en vue du développement potentiel d’un cluster, suite à un événement coorganisé dans les Ecoles d’infanterie et d’artillerie (le 14 mars dernier) et à la formulation des besoins. Une intermédiation entre offre et demande qui a toute sa place dans le premier département militaire de France.
La filière présente en effet tous les atouts d’un cluster, de même que celle, plus que complémentaire, du numérique et de l’IA, plaidée par la présidente Véronique Maurel, prenant l’exemple de son campus à Lorgues. Une expertise dans ces domaines qu'elle porte sur le plan national à la tête de la commission Industrie de Défense du comité exécutif de la CPME. Des atouts, et bien d’autres, qui mériteraient une démarche spécifique et efficace de marketing, et plus précisément une « marque territoriale » permettant de donner un coup de projecteur sur la Dracénie.
Envie partagée
La mobilité était de la partie avec des propositions touchant le développement des services en gare des Arcs qui reçoit plus d’un million de passagers par an, reliant la Dracénie à Paris, et un élargissement du réseau de transport en commun en lien avec les territoires limitrophes. Ce qui mène (presque) naturellement à la dernière préconisation de création d’un pôle métropolitain entre la Dracénie, Estérel Côte d’Azur et peut-être jusqu’à Cannes, mutualisant les ressources sur des enjeux comme la mobilité, tout en gardant l’identité de chacun.
Une coopération territoriale élargie, poursuivant celle, endogène, qui ressort de l’étude et pour laquelle Richard Strambio s’est réjoui en fin de présentation que « les choses soient ainsi posées par les experts de l’UPV qui sont là pour avancer. Nous aussi, avec nos prérogatives et en lien avec la sous-préfecture », a-t-il précisé, se montrant ouvert au dialogue ainsi présenté.
« Nous avons la même envie de nous investir dans ce territoire », a conclu Véronique Maurel après que chacun se soit exprimé. « Notre démarche avait conjointement pour enjeu de mieux se connaître et de se donner les moyens de réussir ensemble. Si l’on prend le sujet de l’armée, beaucoup de PME trouvent porte close car on leur répond qu’elles sont trop petites. La relation de proximité que nous sommes en train de créer ici est susceptible d’ouvrir le champ des possibles. Merci à toutes celles et ceux qui ont répondu à nos sollicitations, merci aux équipes de l’UPV pour la qualité de leur travail. C’est un investissement en temps au service de l’intérêt général et, comme l’a dit Philippe Favoroso, c’est un point de départ pour travailler ensemble. Je suis cheffe d’entreprise et d’un tempérament impatient, j’ai hâte de voir les résultats sur le terrain ».
On ne connaît pas l’avenir, mais on doit s’y préparer, disait l’écrivain des civilisations Fernand Braudel. Ce à quoi tous ces acteurs vont s'atteler.









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