Fabien Piersanti a succédé à Jean-Jacques Castillon à la présidence de la Fédération du BTP du Var lors d’une belle cérémonie de passation à l’aéroport Toulon-Hyères au cours de laquelle l’E2C a été mise à l’honneur.
« J’ai 54 ans et suis père de 3 enfants. Je vis au Lavandou et mon entreprise est située à Bormes-les-Mimosas. Le Groupe Piersanti s’est formé autour de l’entreprise de maçonnerie-gros-œuvre créée par mon père en 1966 et, au fil du temps, plusieurs activités se sont naturellement greffées comme la promotion avec son espace de vente et une activité de location saisonnière. Si bien que toutes ces activités intégrées emploient aujourd’hui 60 salariés. Récemment, j’ai eu le plaisir de voir mon fils Sandro, me rejoindre. Il constitue la 3e génération et c’est une grande fierté pour moi. Sur le plan syndical, je suis président du Pôle Habitat FFB pour la région Paca Corse depuis novembre 2018 et également pour le Var. C’est à ce titre que je suis vice-président de la Fédération du BTP du Var. Mon élection à la présidence s’est déroulée le 11 décembre 2023 dans le cadre du conseil d’administration et depuis cette date, Jean-Jacques Castillon m’a associé à toutes ses décisions et à la plupart de ses activités ». C’est de cette façon sobre et avec une certaine émotion que Fabien Piersanti a pris la parole en qualité de nouveau président de la Fédération du BTP du Var, devant une assistance de plusieurs centaines de personnes réunies dans le hall d’embarquement de l’aéroport de Toulon-Hyères le 25 avril dernier. Un embarquement soigné, préparé et animé avec talent par le secrétaire général Cyril Bolliet.
Le logement ne sait plus où il habite
A la simplicité, le président Piersanti a vite associé l’efficacité et le franc-parler qui le caractérisent, évoquant la situation actuelle : « une crise du logement neuf, le non-résidentiel dont les indicateurs ne sont pas bons, un marché de la rénovation qui marque le pas, une activité travaux publics qui, bien qu’épargnée pour le moment, va pâtir de la dégradation du secteur du bâtiment et reste très dépendant de la commande publique et de ses cycles notamment liés aux élections. Comment en sommes-nous arrivés là ? Trois principaux facteurs expliquent cette situation : la dégradation du marché du crédit, l’inflation des prix immobiliers et un moindre soutien public au logement. Sur ce dernier point, nous avons un grave problème avec la politique actuelle du logement. Les arbitrages qui ont été faits dans le cadre de la loi de finances 2024 sont un échec sur toute la ligne. Dans le neuf, si rien n’est fait, seulement 240 000 logements seront produits en France alors que les besoins sont estimés à 500 000 logements chaque année. 240 000 logements, c’est bien moins que le plus bas niveau historique de 1992 et c’est ce que la France produisait dans les années 50 avec 25 millions d’habitants en moins ». En résumé, le logement qui ne sait plus où il habite et « les choix politiques et financiers sont d’autant plus incompréhensibles qu’il est contributeur net de 50 milliards d’euros par an au budget de la nation, malgré l’idée reçue persistante d’un logement sous perfusion des aides de l’Etat ».
« Sur la rénovation énergétique, la fin de l’accompagnement pour les travaux isolés et l’obligation de réaliser des bouquets de travaux avec le dispositif « Mon Accompagnateur Rénov » sont un échec patent. Pas d’affolement pour autant, même s’il aurait préféré un meilleur contexte, pour Fabien Piersanti qui pense « que les crises sont des moments de modification des repères et de remise en question qui rendent les changements et les opportunités possibles ». Encore faut-il porter un projet. Le sien repose sur l’emploi et la formation en priorité, le marché et l’activité, ainsi que le renforcement du rayonnement de la Fédération.
Recruter autrement avec l’E2C
S’agissant du premier volet, il a souhaité ouvrir une nouvelle voie, mise à l’honneur et en tête des solutions positives présentées en début de soirée de passation, à la faveur d’une expérimentation menée avec l’Ecole de la 2e Chance du Var (groupe UPV). Un pari parti d’une feuille blanche, avec un contenu écrit, co-construit, par les équipes de la Fédération et de l’E2C, et dont le succès a été apprécié par le président de la Fédération Française du Bâtiment, Olivier Salleron, le président du Pôle Habitat-FFB, Grégory Monod, le président de la Fédération régionale des TP Paca, René Braja, les élus, dirigeants, chefs d’entreprises, acteurs publics et privés présents pour l’événement.
Younès Darmach, 20 ans, a pu témoigner devant tout le monde et avec son beau sourire de cette expérience de 6 semaines d’immersion sur le terrain et en initiation des grands principes du secteur, incluant les transitions écologique, numérique, la sécurité sur les chantiers, parmi les sujets abordés notamment par les formateurs FRB Paca/Batys Compétences, entre autres intervenants professionnels. Jean-Philippe Li Vigni, le dirigeant qui l’a embauché à l’issue de ce « Parcours BTP », président de la section peinture de la Fédération varoise, s’est dit « impressionné par la motivation de Younès, son réel intérêt pour le poste et pour la société ». 15 des 17 stagiaires de cette première promotion ont d’ailleurs bénéficié d’un débouché positif, soit directement dans les entreprises qui ont fort bien joué le jeu, soit en formation complémentaire. Le président national Olivier Salleron a particulièrement apprécié cet exemple « formidable », en phase avec les vertus historiques d’ascenseur social du BTP. Chacun, E2C et Fédération, s’accordant sur la nécessité de poursuivre ce « recruter autrement ».
Expertise versée au débat public
Une positive attitude revendiquée par le BTP varois au gré des débats, sur la préservation de l’environnement, s’agissant de la construction comme en matière de gestion des déchets de chantier ou de maîtrise de la qualité des réseaux. Ce qui n’empêche pas de tirer des sonnettes d’alarme quand les situations le méritent. Autant de chantiers d’avenir, et bien d’autres, que Fabien Piersanti compte aborder dans le dialogue avec les élus dont il a salué l’engagement, ainsi que le « travail difficile qui peut se révéler ingrat ». En bâtisseur, il veut rassembler, expérimenter de nouvelles façons d’agir, être à l’écoute de tous et bien entendu de ses confrères, l’entrepreneuriat chevillé au corps de métiers, avec l’envie de verser au débat public le point de vue et l’expertise de la profession.
Plutôt que d’être observateur des aléas du marché, il nous faut être pro-actifs
7 ans de mandat(s) pour Jean-Jacques Castillon
Emu, le président sortant, Jean-Jacques Castillon, au moment de passer la présidence de la Fédération du BTP varois à Fabien Piersanti, et en même temps de terminer sa carrière puisqu’il a cédé l’an dernier son entreprise familiale. « Je ne sais pas si l’on naît entrepreneur ou si on le devient. Ce que je sais, c’est que je l’ai pleinement été. Et ce qui est certain, c’est que la Fédération m’a aidé à être un entrepreneur accompli. Il faut un bon alignement des planètes pour vivre un destin syndical et je suis reconnaissant aux forces et vents favorables qui m’ont permis d’accomplir mon parcours. L’enseignement à tirer de ce parcours serait le suivant : ce que l’on trouve à la Fédération est à la mesure de ce que l’on y apporte. A titre personnel, j’ai donné beaucoup et j’ai beaucoup reçu en retour », a-t-il notamment affirmé, rendant hommage à celles et ceux qui cheminent et ont cheminé à ses côtés. Et de conclure : « merci pour tout. C’était vraiment bien… ».
Parcours, portraits, sens de l’engagement des mandataires et personnes impliquées dans la vie publique varoise, enrichis de mises à l’honneur de femmes « influentes ».