L’UPV (se) mobilise contre le matraquage fiscal des entreprises

En filigrane du matraquage fiscal des entreprises, se dessine de façon inquiétante une casse économique et sociale. Au regard de la gabegie politique nationale exacerbée autour des discussions budgétaires, l’Union Patronale du Var mobilise les syndicats, fédérations et autres branches patronales pour dire STOP !
« On ne rétablit pas une économie en affaiblissant les entreprises, car cela affaiblit aussi l’emploi », a plaidé d’emblée Véronique Maurel, présidente de l’Union Patronale du Var, qui a rassemblé à Toulon ce 3 novembre nombre de syndicats, pour relayer la manifestation d’un véritable ras-le-bol. « Nous sommes inquiets pour les entreprises actuelles, pour leur pérennité si la situation continue de se dégrader dans notre pays qui cherche à combler des déficits par des taxes plutôt que de réduire les dépenses publiques. Derrière les entreprises, il y a des familles que nous faisons vivre, il y a les jeunes qui ont besoin d’espoir dans la perspective de rejoindre le marché du travail. On ne veut pas, on ne peut pas les abandonner ! Mais pour cela, il faut de la liberté d’entreprendre et être écoutés par des interlocuteurs susceptibles de comprendre le monde de l’entreprise. Au-delà, nous voulons aussi comprendre pour notre part où vont nos impôts… ». Lequel entrepreneuriat est, pour rappel, essentiellement composé de PME, PMI et TPE, et non pas de grands groupes et autres géants du CAC 40 théorisés dans l’enseignement et consacrés dans les médias, faussant la vision du citoyen et potentiellement de l’élu.
Union de pensées
La présidente du premier syndicat patronal territorial de France en termes de représentativité n’est pas allée par quatre chemins pour décrire la situation inquiétante compte tenu des projets de taxes qui sortent de tous les chapeaux parlementaires en cette période de négociation budgétaire autour de la prochaine loi de finances, dont on ne sait pas d’ailleurs si elle sera votée ou contournée. « Les chefs d’entreprises veulent prendre leur part de l’effort national, comme ils l’ont toujours fait, mais pas quand la fiscalité devient punitive et décourageante », a-t-elle également souligné. Parfaitement conscients que ce qui se joue actuellement est fondamental, Véronique Maurel et Stéphane Benhamou, son président adjoint à l’UPV, représentant respectivement la CPME et le MEDEF, les deux syndicats nationaux majeurs, ont décidé de mobiliser leurs pairs dirigeants d’entreprises ainsi que les fédérations et branches professionnelles afin d’exprimer leur profond mécontentement. Un mouvement syndical d’ampleur initié le 3 novembre dernier à Aix-en Provence par l’UIMM, avec l’appui au niveau régional du MEDEF, de la CPME et de nombreuses entités patronales. Au travers d’une tribune, les parlementaires de Provence Alpes Côte d’Azur étaient alors visés.
Dans une parfaite union de pensée et d’action, le manifeste varois s’est traduit par des échanges avec les élus représentant les différents partis politiques, afin de faire passer le message que les entrepreneurs ne demandent ni privilège, ni passe-droit, mais revendiquent simplement la possibilité d’exercer leur activité dans un environnement stable, lisible et compétitif. Ce qui n’est plus le cas. Au-delà, il s’agit d’entendre les réponses, les positions des uns et des autres sur des questions précises autour de l’économie, de la fiscalité, de la considération ou non des entreprises et de tout un collectif qu’elles représentent, incluant familles et attractivité territoriale. A dessein de renforcer un peu plus encore l’écoute et la prise de conscience, une mobilisation générale patronale symbolique est attendue devant le siège toulonnais de l’UPV le 9 décembre, à la faveur d’une manifestation économique, le TOP 500 des entreprises du département, pour laquelle plusieurs centaines de personnes sont attendues.
Leviers économiques
D’ores et déjà les organismes patronaux des grands secteurs souscrivent au mouvement, BTP, transport, tourisme, restauration, immobilier, métallurgie… Sébastien Ricci, délégué général Alpes-Méditerranée de l’UIMM, qui représente une centaine d’adhérents dans le Var, a salué la démarche de l’UPV et de sa présidente, expliquant que « toute la chaîne industrielle est aux abois, tandis que des demandes de chômage partiel arrivent. On n’avait plus vu cela depuis longtemps dans le Var qui se situe dans un contexte industriel privilégié, moins touché qu’ailleurs généralement » (l’industrie incontournable de défense étant un bon amortisseur). « C’est l’incertitude qui crée cette situation. Nous avons besoin de visibilité, de clarté, dans la durée. Il faut poser les règles du jeu et nous assumerons notre quote-part. On ne peut pas changer tout le temps le modèle ! ».
Mêmes inquiétudes dans l’hôtellerie-restauration pour Christiane Thibault, présidente régionale du GHR Région Sud, et Jean-Pierre Ghiribelli, président de l’UMIH du Var, pour qui les incertitudes économiques et fiscales, notamment les atermoiements de TVA générant des distorsions de concurrence au sein même du secteur, mettent en danger la pérennité des entreprises et créent de la pénurie de ressources humaines, dirigeants comme salariés perdant le goût de continuer… Dans le tourisme s’agissant du manque de logements saisonniers, mais aussi plus globalement concernant le logement pour actif, les grandes difficultés en la matière ont des conséquences sociétales allant jusqu’à porter atteinte au pacte républicain, pour Jean-Marc Stéfanini, co-président de la FNAIM du Var (400 adhérents, 2 700 emplois). Ce dernier prône la simplification des normes qui bloquent l’économie. « Nous n’avons pas besoin de chercher bien loin des leviers économiques. Il suffirait de débloquer les dossiers de construction dans les 36 000 communes de France pour générer sans frais une relance du logement, neuf comme ancien », a souligné ce professionnel du sujet, remerciant comme ses collègues l’UPV, qui est « le cœur et le poumon de l’économie dans le Var ! », pour cette initiative mobilisatrice.
Inverser la tendance
Pour Adam Aberbache, président de Mobilians Var (ancien Conseil national des professions de l’automobile), son secteur, le 4e plus important en France, contribue déjà au budget du pays à hauteur de 33 milliards d’euros et paie un lourd tribut sur le front économico-social en raison de la crise. « Le marché est étouffé, les gens ne consomment plus. Il faut inverser tout cela et la TVA entrera dans les caisses de l’Etat ! ». Un constat de morosité que partage Jean-Marc Montagnac, secrétaire général de l’Organisation des transports routiers (OTRE) de Provence Alpes Côte d’Azur, directement impacté par la baisse d’activité générale. « Si les autres secteurs ne vont pas bien, nous non plus, car on ne livre plus de marchandises ! », tout en continuant à être taxé par le versement mobilité. Le transport représente 55 milliards d’euros récoltés par an, dont 27 milliards réaffectés au budget de l’Etat et seulement 28 milliards consacrés aux infrastructures routières. Un élément de réponse à la question « ou vont nos impôts ?... ».
En définitive, les chefs d’entreprise et leurs représentations syndicales sont lassés d’un jeu politique qui tourne mal depuis des années et plus encore en raison de la dissolution ratée de juin 2024, mettant l’économie sur le flanc faute de stabilité. Comment réindustrialiser, grand objectif d’Etat, dans ces conditions dégradées ? Au sein de l’UPV, on lance l’alerte sur les incidences collectives, pour le pays, pour les chefs d’entreprise et leurs salariés, et au nom de l’intérêt général. « Un patron engage sa vie et ses biens personnels pour créer une activité, de l’emploi, le plus souvent tout ceci devient une famille dont on a la responsabilité, sans regarder le temps que l’on y consacre. Cela mérite que l’on nous entende, que l’on nous respecte, que l’on nous permette d’avancer. Ce n’est plus le cas et nous avons la crainte que cela s’aggrave encore. Ce n’est pas possible de ne plus pouvoir se projeter. Quand on ne bouge plus on végète et nos concurrents étrangers prennent le dessus. Nous préférons prendre le pari de la croissance, de l’innovation, du dialogue social. Nous voulons une France où la réussite est encouragée et non suspectée. Malgré les incertitudes, ensemble nous choisissons l’optimisme et l’action », a revendiqué en conclusion la présidente Véronique Maurel.
Alors, stop au matraquage sinon les coûts vont pleuvoir sur l’économie !
Trop d’impôt tue l’impôt


Parcours, portraits, sens de l’engagement des mandataires et personnes impliquées dans la vie publique varoise, enrichis de mises à l’honneur de femmes « influentes ».










