Tandis que l’Opéra de Toulon va faire peau neuve jusqu’en 2026, l’art lyrique continuera de vivre dans 5 autres lieux de spectacles de la ville et de la Métropole. Dans ce contexte exceptionnel, plus que jamais son Club Orfeo des entreprises mécènes a besoin de soutiens afin de continuer à contribuer au rayonnement culturel environnant.
Il n’y a pas de développement économique sans développement culturel. Ceci est d’autant plus vrai en cette année du 20e anniversaire de la loi du 1er août 2003 relative au mécénat, aux associations et aux fondations. Laquelle a amené, sous l’impulsion du Président Jacques Chirac et de son ministre Jean-Jacques Aillagon, sur le devant de la scène une possibilité inédite jusqu’alors de financement de la culture, permettant d’impliquer la société dans son ensemble, particuliers, entreprises, associations, fondations, collectivités. Un véritable vent de fraîcheur et de générosité a soufflé comme jamais sur notre pays qui n’avait pas cette culture et a su la développer à sa façon. S’est développée alors la notion de « prophilanthropie », un oxymore définissant l’exception française alliant profit et philanthropie, dépassant la défiscalisation (60%) pour s’inscrire dans un engagement sociétal, y compris aujourd’hui s’agissant de la marque employeur.
Ressources artistiques…
Le Club Orfeo de Toulon, dont le nom est inspiré du premier opéra, chef d’œuvre de Monteverdi joué initialement en 1607, mettant en scène le mythe d’Orphée et Eurydice et ouvrant la voie à ce genre lyrique en Europe puis dans le monde, a été fondé sur cette avancée vers un rayonnement partagé il y a une douzaine d’années, à l’orée de la saison 2010/2011. Sous l’impulsion de l’ancien directeur, Claude-Henri Bonnet, auquel a succédé depuis un an Jérôme Brunetière, et de Régis Vian des Rives, toujours directeur délégué en charge du développement et du mécénat, le monde économique s’était rassemblé à la Résidence du Cap Brun afin de porter sur les fonts baptismaux un grand dessein. UPV, chambres consulaires, syndicats de zones d’activités (Afuzi, Adeto), chefs d’entreprises, s’étaient alors engagés auprès de l’opéra.
Au-delà des dotations publiques de ses tutelles, Toulon Provence Méditerranée principalement, mais aussi le Département, qui sont indispensables à son existence, le parti-pris devenu pari gagné a été de soutenir une ligne artistique en participant activement, financièrement donc, à la création de comédies musicales, renouvelant le genre en France et plaçant en corollaire Toulon en référence nationale. Ainsi, Street Scene, Follies, Wonderfull Town (récompensé par le prestigieux prix de l’académie Charles Cros), South Pacific, ont été autant de productions « maison » à succès.
… humaines…
Les acteurs économiques ont joué un rôle devenu essentiel, la démarche agrégeant petites et grandes entreprises autour de l’art vivant, permettant au joyau culturel toulonnais de fabriquer de l’opéra, avec ses équipes de production, son atelier de costumes, ses couturières, ses régies, son orchestre, son chœur, et de marquer sa différence par rapport à un théâtre « garage » qui se contente d’accueillir des spectacles. Le Club Orfeo entretient cette spécificité, ajoutant ce supplément d’âme à la programmation de grands titres classiques joués partout et qu’il faut aussi proposer ici car ils sont attendus, pour le plus grand plaisir du public.
En outre, cela fait partie des critères qualitatifs et attractifs d’une Métropole de disposer d’un opéra, qui plus est novateur. Un marqueur économique et social pour les entreprises, pour leurs salariés, un argument aussi pour les faire venir que l’on retrouve dans les fiches de ressources humaines des grands groupes Aux côtés des « locomotives » qui donnent beaucoup, beaucoup de PME sont au rendez-vous, à commencer par les adhésions simples à 2 000 euros, dont le coût réel après déduction fiscale est de 800 euros, compensés en quelque sorte par la mise à disposition de 2 places lors des avant-premières transformées en générales, ou tout simplement en moments privilégiés pour les dirigeants, leurs employés, leurs fournisseurs, leurs clients. Bref, le choix du plaisir d’offrir est large.
« Les entreprises se rendent aussi service dans leur partenariat avec l’opéra », plaide Jérôme Brunetière. « Toulon est une ville où la population est en croissance, qui accueille des activités de valeur ajoutée nécessitant d’attirer des talents. Les gens regardent la qualité de vie avant de venir. Nous prenons notre part dans cette richesse, et les entreprises peuvent faire de même en apportant leur contribution. Elles ont un effet levier sur la production de créations artistiques, et par là même sur notre capacité à nous affirmer par la qualité ».
… financières
Un équilibre façonné avec persévérance, abnégation, autour d’un réseau professionnel érigé plus souvent que de coutume en relations personnelles, dont le mérite a valu récemment l’ordre national du même nom (ONM) à Régis Vian des Rives, au cours d’une cérémonie durant laquelle nombre d’acteurs économiques ont tenu à lui témoigner amitié et fidélité.
Dans ce meilleur des mondes lyriques, deux ans et demi de travaux viennent perturber l’ordre culturel établi à la faveur d’un vaste chantier de 38 millions d’euros qui va redorer le lustre de l’établissement de fond en comble, tout en conservant son identité. L’Opéra devra se produire jusqu’à début 2026 sur de nouvelles scènes, à savoir le Zénith, le Théâtre Liberté et le Palais Neptune à Toulon, Châteauvallon à Ollioules, la villa Noailles à Hyères, choisis pour accueillir les événements de la première programmation artistique de Jérôme Brunetière. Le directeur loue d’ailleurs « la solidarité dont l’Opéra fait l’objet », renforçant le dessein commun. Tout en mettant sa patte et sa passion dans une belle saison, il doit conjointement fidéliser les partenaires, dont l’apport potentiel n’a jamais été aussi pertinent (un peu plus de 300 000 euros de mécénat en moyenne par an, en numéraires, en nature et en compétences).
Cette croisée des chemins est donc un moment stratégique pour l’Opéra de Toulon, pour la culture locale, métropolitaine, départementale, et plus largement pour la prise de conscience de la valeur culturelle. Au regard de ce contexte complexe, l’Union Patronale du Var et sa présidente Véronique Maurel apportent leur soutien à Orfeo, qui est devenu un réseau phare de rassemblement d’acteurs économiques, à toute l’équipe de l’Opéra, et encouragent les entreprises à contribuer quand elles le peuvent à cette belle offre diversifiée concourant à l’épanouissement du territoire.
Informations juridiques, pratiques, sociales, sur le monde du travail, une réforme, un décryptage de nouvelles mesures, de problématiques de société, un point de vue.