Le campus de la Grande Tourrache de l’Ecole de la 2e Chance, à La Garde, était l’amphithéâtre de l’assemblée générale de l’UPV, le 4 juillet, au cours de laquelle la ressource, humaine, alimentaire, en eau, en électricité, a été source d’échanges et de débat.
A la faveur de la dernière assemblée générale de l’UPV, la présidente Véronique Maurel est revenue aux sources de la création du premier syndicat patronal de France il y a 86 ans, la ressource humaine. « Elle est au cœur des préoccupations de la société actuelle et une question centrale au sein de l’UPV depuis toujours. Nous sommes en effet présents historiquement sur le front de l’emploi, de l’insertion, du social et de l’économique, avec l’environnemental en transversal. C’est notre ADN, notre dignité aussi. Notre implication n’a jamais été aussi intense en la matière et nos compétences reconnues constituent un coup d’avance pour agir ! Non seulement nous sommes des acteurs majeurs de la qualité et des conditions de vie au travail, en particulier grâce à notre service Enosys d’assistantes sociales et de psychologues, mais nous adossons des établissements phares de formation et d’insertion que sont l’Institut méditerranéen du sport, de l’animation et du tourisme (Imsat) et l’Ecole de la Deuxième Chance (E2C). Cette dernière est d’ailleurs la seule du réseau national à être portée par une Union Patronale ».
Cette dimension humaine est érigée en fil rouge de la mandature actuelle et monte en puissance auprès de partenaires majeurs que sont le Département à travers Var Insertion Travail, dispositif novateur concernant les allocataires du RSA et pour lequel l’UPV est partie prenante, mais aussi auprès de la Direction départementale de l’emploi, du travail et de l’insertion, ainsi que de son homologue régionale. « Notre implication future demain avec France Travail marquera une nouvelle étape de notre reconnaissance et surtout de notre efficience. Nous savons agir sur les secteurs en tension, professionnels comme géographiques, et répondre aux besoins des entreprises ». S’agissant de dignité par le travail pour les jeunes, pour les seniors, pour les femmes trop souvent pénalisées par le manque de place dans les crèches, la présidente a fait largement le tour de la question, n’oubliant pas les commerçants empêchés de travailler par les émeutes des dernières semaines.
Enjeux climatiques…
La peur de manquer de main d’œuvre qualifiée n’est pas la seule préoccupation du moment, bien que celle-ci soit essentielle au fonctionnement des entreprises, et l’UPV a mis en débat les inquiétudes touchant la souveraineté alimentaire, l’eau, l’électricité, éléments qui nous semblaient jusqu’à présent inépuisables. La fin de l’abondance proclamée par le Président de la République a contrarié celles et ceux qui n’ont jamais eu le sentiment d’un trop-perçu, mais peut-être aussi pris date du vrai changement de paradigme pour le plus grand nombre.
Comptant parmi les pionniers de la convention des entreprises pour le climat, le secrétaire général de l’UPV, Marc-Antoine Moché, a changé depuis son regard sur le monde, sur l’entreprise, sur les gens. Cette table-ronde était l’occasion pour lui de faire partager son expérience. « Inspirée de la convention des citoyens pour le climat, cette riche aventure de 11 mois rassemblant 150 dirigeantes et dirigeants (inter)nationaux a permis à chacun d’être sensibilisé aux enjeux climatiques, formé aux nouveaux modèles économiques, de faire des propositions législatives concrètes, ambitieuses et exigeantes issues des entreprises, en faveur de la transition vers une économie écologique ». Marc-Antoine en a tiré plusieurs constats, en premier lieu « qu'aucune activité, aucun modèle économique actuel n'est à l'abri. Il est nécessaire, dès à présent, au regard de l'urgence, de prendre le temps dans nos entreprises d'imaginer, concevoir et mettre en œuvre des solutions capables de résoudre la dissonance entre effondrement écologique et priorités économiques ». Autre champ d’interrogation : son propre modèle économique et l’écosystème dont on dépend, considérant que « de plus en plus d’entreprises s’orientent vers l’économie de la fonctionnalité. On ne vend plus un produit, mais un usage, on ne vend plus des pneus mais des km… ». Et le secrétaire général de rappeler que « la capacité créative hors du commun de nos entreprises ne fonctionne que si nos problèmes sont correctement posés et qu’un temps suffisant est dédié à la problématisation ». C’est ce qu’essaie de faire l’UPV en sensibilisant les entreprises aux enjeux climatiques, en les accompagnant dans leur évolution, en faisant remonter les données de terrain aux services de l’Etat, locaux comme centraux, et à tous les niveaux de pouvoirs publics, y compris auprès des ministres.
… alimentaires…
Le climat n’est pas sans incidence, loin s’en faut, sur la souveraineté alimentaire à propos de laquelle Stéphane Benhamou, dirigeant de Paca Participations (groupe de 500 salariés qui exploite les magasins U et So Bio), lance l’alerte. « Sur les 10 dernières années, l’activité d’élevage s’est réduite de 25%, 100 000 exploitations agricoles ont disparu, et d’ici 10 ans une sur trois n’existera plus dans notre pays. Par ailleurs, 75% de ce qui se consomme en France ne sont pas produits chez nous ». Au-delà de ces chiffres alarmants, la difficulté est qu’il faut bien produire mais de façon rentable. Sur notre territoire, il y a selon Stéphane Benhamou des solutions grâce à une climatologie propice, comme l’illustre la viticulture qui est devenue leader mondiale du rosé. « A travers un nouveau modèle vertueux de circuits courts et d’économie circulaire, il nous faut aujourd’hui formuler des propositions pour que la mixité agricole puisse naître, à l’image de ce qui existe dans le Sud de l’Europe ou au Moyen-Orient. Là où il y a des domaines viticoles prospères, nous pourrions imaginer implanter des activités d’agriculture vivrière… ». L’Union Patronale du Var doit être à la tête de ce projet, selon le chef d’entreprise soutenu en ce sens par la présidente Véronique Maurel, et embarquer la CCI, la Chambre d’Agriculture (qui est déjà d’accord), les élus de proximité, en premier lieu le Département et les EPCI.
… d’usages de l'eau…
S’agissant de l’eau, Olivier Cavallo, directeur de Véolia Eau dans le Var, a fait à son tour l’état de la ressource. Si les pluies de mai ont été salvatrices, le territoire n’est pas rassuré ni servi de façon homogène, d’autant que le niveau des nappes n’a jamais été aussi bas, d’où les arrêtés de restriction du préfet (passés et à venir). « Les prévisions laissent à penser que dans les 25 prochaines années les ressources et le débit des cours d’eau vont baisser de 10% à 40%, tandis que l’alimentation des nappes va se réduire d’environ 25%. Nous n’aurons plus de l’eau aussi disponible et en tout cas pas de la même façon. L’arrivée du Canal de Provence a créé l’abondance et des habitudes au-dessus de nos moyens, oubliant que l’eau a longtemps été rare dans la région. On peut être néanmoins raisonnablement optimistes en regardant comment d’autres s’en sortent en maîtrisant les usages, en pratiquant la sobriété, en utilisant l’eau de façon plus efficace, en étant plus performants dans la gestion des installations, ce qui est d’ailleurs le cas dans le Var, allant jusqu’à 90% de rendement de réseaux ». Des résultats qui impliquent d’investir dans l’entretien de ces derniers, de les surveiller (entre autres via les objets connectés), de savoir utiliser plusieurs fois l’eau avec intelligence de situation.
… d’alimentation électrique…
Enfin, la ressource en énergie électrique a été évoquée par Joël Oros, expert en panneaux photovoltaïques au sein de sa société à mission Soleil du Sud. Outil politique en France durant des décennies, l’énergie électrique a longtemps été produite en abondance et à bon marché, a-t-il rappelé, avant de baisser la garde au point d’envisager des lendemains qui déchantent. « Pour les 20 prochaines années, nous allons être soumis à la disponibilité des centrales nucléaires anciennes et il serait totalement irraisonnable de penser que cela va bien se passer. Nous allons donc manquer d’électricité. L’Etat n’ayant pas de stratégie, il va falloir faire de la sobriété et espérer que les hivers ne soient pas trop rigoureux. Les particuliers s’adapteront mais cela peut être périlleux pour les entreprises, par exemple celles de la grande distribution. Une entreprise qui n’a encore rien fait peut économiser 10% à 20%, voire 30% assez facilement, après il faut passer aux investissements lourds ». Cela étant, dans le département, le plus ensoleillé de France, beaucoup de choses sont possibles et tous les espoirs sont permis, d’autant que le Département, plus importante collectivité, manifeste l’envie d’investir (sur) ses toits.
… de société(s)
Ces échanges ont été particulièrement appréciés par le secrétaire général de la préfecture, Lucien Giudicelli, pour qui « l’UPV incarne ce trait d’union, ce lien entre l’économique et le social. Je tiens à rendre hommage à l’Union Patronale du Var qui concilie cela du haut de ses 86 ans, qui s’occupe des citoyens les plus fragiles et les plus défavorisées », a-t-il notamment souligné, évoquant entre autres propos la recherche des « invisibles » à travers Elan Jeunes 83 (NDRL : piloté par l’Imsat), l’E2C qui donne des secondes chances aux jeunes, les dirigeants de talents des entreprises varoises, comme les intervenants de l’assemblée générale, la parfaite entente avec les services de l’Etat... Autant de ressources incontournables pour faire société, pour que cela marche, pour que chacun trouve sa place et son bonheur.
Présentations d’entreprises, de dirigeants, reportages sur des initiatives privées et publiques concourant à l’activité économique, analyses de conjoncture, retours sur des événements.