Créée en plein confinement par deux ingénieurs épris de valeurs durables, OOKA réinvente le café au bureau dans une démarche RSE s’inspirant de l’économie de la fonctionnalité. L’offre est illimitée pour les entreprises de 20 à 50 salariés. Explications.
« Nous apportons de la performance et non plus un produit » ! Clément Ribeaud et Aymeric Soubrouillard, co-fondateurs de OOKA, se positionnent clairement dans l’économie de la fonctionnalité, privilégiant l’usage plutôt que la vente d’un produit, dans une perspective circulaire. Une stratégie de rupture que ces deux ingénieurs (généraliste pour le premier, informatique pour le second) poussent au maximum des possibilités à travers des solutions responsables à chaque poste, en l’occurrence s’agissant de café mais qui peut s’appliquer à terme à autre chose. Leur modèle économique repose sur une connaissance du marché à partir de statistiques de consommation, à savoir deux cafés par jour et par employé en moyenne dans l’entreprise. L’offre tarifaire fixe par abonnement personnalisé est illimitée en quantité pour les établissements de 20 à 50 personnes et les services sont optimisés, permettant de réduire les marges. Le tout servi par une qualité exceptionnelle de café et une véritable éthique qui ne se confond pas avec l’étiquette…
Chaîne de valeurs
L’histoire débute dès l’annonce du confinement, en mars 2020. Bloqué en France alors qu’il doit repartir professionnellement en Inde, là où il a découvert ce concept, Clément Ribeaud, dont la fibre entrepreneuriale est de famille, décide de se lancer dans l’aventure avec son ami Aymeric Soubrouillard, profitant de locaux « maison » dans un vaste espace d’activités de 2 500 m2, à La Seyne. Un atelier, deux bureaux, 150 m2 de surface suffisent pour installer leur matériel de torréfaction (entre autres). Tandis que tous les bureaux ferment, ils anticipent le redémarrage et ouvrent leur petite entreprise, en même temps que le marché. De quoi largement mériter le prix courage de la Cpme Sud, remis par Véronique Maurel le 21 octobre dernier lors des Trophées des entrepreneurs positifs. S’ils ont eu tous deux du nez dans cette (leur) affaire, Clément Ribeaud avait au préalable bien préparé le sien, suivant des formations et passant des certifications internationales en maîtrise et notations de café, comme un œnologue pour le vin. Forte de cette expertise, la société ne propose que des cafés de spécialité, sélectionnés en Amérique du Sud, Afrique, Asie aussi (Birmanie notamment), sur la base d’un travail gustatif professionnel puis d’une notation entre 80 et 100, sans oublier les valeurs humaines, de base également.
« Nous achetons quatre fois plus cher que les concurrents mais nous savons que le producteur est bien traité ! affirme Aymeric Soubrouillard. Etant donné que nous transformons la matière première sur place, à La Seyne, vendue au kg et pas à la dosette, dans une large gamme de variétés, que nous achetons nos machines, que nous installons l’ensemble chez le client, nous avons par conséquent le contrôle sur la chaîne de valeurs et la répartition des marges. Elles sont suffisantes pour viabiliser notre entreprise dans une approche revendiquée de développement durable. Le café est le 2e produit le plus échangé au monde, assorti malheureusement de spéculations, pressions, corruptions en tout genre… Dans ce contexte, nous essayons en toute transparence de prendre notre part d’un monde meilleur, surtout vis-à-vis des plus défavorisés. Nous contribuons à notre niveau à faire vivre un peu mieux des personnes de ces régions du monde qui en ont bien besoin ».
Développement durable
Une fraîcheur d’esprit et de la suite dans les idées pour asseoir une approche globale de protection de la planète en plaçant l’engagement 0 déchet au cœur de la solution. Pas de dosette donc, mais du café en grain, pas de plastique non plus ni d’emballage jetable mais des bacs consignés, réutilisables pour la livraison et le stockage in situ, sous la machine, dans le meuble en bois dédié, livré avec. La machine en question est en outre un objet connecté favorisant la remontée d’informations réelles sur les usages, ce qui est précieux pour connaître l’état du matériel (la réparabilité des machines est un atout majeur), le niveau de consommation, programmer une livraison nouvelle avec du café torréfié au dernier moment. Une flotte connectée qui a valu à OOKA un prêt Bpifrance de 9 000 euros pour financer la spécificité de son innovation technologique.
« Le seul déchet éventuel est le marc de café qui est collecté dans le meuble et que nous récupérons, précise Aymeric. C’est une mine d’or contenant 95% de cellulose ! Nous travaillons actuellement avec des laboratoires pour le valoriser. Nous sommes accompagnés à ce propos par l’Ademe et l’IRCE en vue de plusieurs solutions possibles.» Qui a dit économie circulaire ? L’étape d’après serait la création d’un centre de retraitement des marcs dans les locaux seynois, avec de nouveaux emplois à la clé, en plus des deux/trois CDI envisagés en 2022. Pour le moment l’équipe comprend sept personnes dont les deux fondateurs, un premier CDI depuis octobre, trois alternants, un directeur commercial free lance, pour couvrir le Var, les Bouches-du-Rhône et un petit peu les Alpes-Maritimes.
Bien-être engagé
Une trentaine de clients, partageant la même approche RSE (responsabilité sociétale des entreprises), a rejoint le « bêta-testeur TVT Innovation », qui a conjointement ouvert les portes et son réseau à cette initiative originale réinventant la pause café. La montée en puissance est importante, mais Clément Ribeaud et Aymeric Soubrouillard s’organisent pour avancer de façon pragmatique, privilégiant la mobilité responsable par des livraisons à vélo dans l’environnement direct ou en véhicule électrique, à des cadences évidemment raisonnables. Côté modèle économique, cela bouge aussi à la faveur de ventes de café en grain à ceux qui ont des moulins, par la boutique en ligne, auprès d’enseignes en Biocoop ou chez La Vie Claire, mais également récemment en distributeurs automatiques de qualité. OOKA sort de sa niche sur ce segment pour entrer dans une offre d’établissements accueillant du public, avec paiement en carte bleue ou pièces. Une explosion commerciale possible mais toujours dans le concept du bien-être engagé et avec le même attachement à séparer le bon grain de l’ivraie…
Repères
OOKA
Fondateurs : Clément Ribeaud et Aymeric Soubrouillard
Commerce équitable de solutions café pour entreprises engagées
Café illimité par abonnement personnalisé pour les établissements de 20 à 50 salariés
Café de spécialité en grain sélectionné chez les meilleures fermes productrices dans le monde – Contrôle qualité Q-grader de chaque profil de torréfaction
Transparence de traçabilité et d’éthique – Machines fournies et entretenues – Zéro déchet