Philippe Favoroso : tant qu’il y aura des hommes audacieux

Chef d’entreprise inspiré dans la communication numérique, Philippe Favoroso a été élu il a quelques mois à la présidence de la délégation de Draguignan et du Haut Pays Varois de l’Union Patronale du Var. Par l’audace, il entend apporter du sens, tout en créant du lien. Une profession de foi calquée sur sa philosophie de vie. Portrait.
« Il y a une forme d’absurdité dans la vie. Si on n’apporte pas du sens, c’est vite insipide ». Du sens de la formule comme dans la façon d’être, Philippe Favoroso en a suffisamment pour que l’on puisse le voler sans lui nuire, brillant dans son activité professionnelle, attachant à titre personnel. L’homme ne manque ni d’intérêt ni de centres d’intérêt. Né à Paris, il débute son histoire au Sud très tôt, dès l’âge de 3 ans, à Saint-Jean-Cap-Ferrat, grandit au bord de la mer et s’imprègne de la Méditerranée. Suivant des études de design d’objet (incluant les voitures qu’il affectionne), il change d’avis pour des raisons familiales à dessein de s’assumer plus rapidement, et s’oriente vers la publicité. Une formation à Marseille et des stages à Paris dans de grandes agences confirment son appétence sur le sujet, enrichie d’études par correspondance sur le marketing qualitatif. Pour son premier job, au début de la décennie quatre-vingt-dix, il a la chance de côtoyer quelques années Jacques Fromanger, publicitaire autour de la signalétique à Draguignan, artiste puis galeriste, figure locale de la vie publique.
Immédiatement passionné de travail et de raffinement, Philippe se révèle doué pour la matière, mais, épris de la bougeotte de son âge, il s’éprouve dans quelques boîtes. « J’ai découvert à ses côtés la relation commerciale qui me manquait dans le design, la proximité aussi avec le décideur, le client final. Mes différentes expériences m’ont appris ensuite à construire une relation complète et sincère avec mes interlocuteurs, au-delà de la technique, du produit ou du service. A établir de vrais liens. Et puis est arrivé le numérique avec le nouveau siècle. L’informatique avait déjà bien bouleversé la donne, mais la révolution digitale, internet et les développements exponentiels qui vont suivre, jusqu’à l’IA désormais, ont complètement changé le paradigme. J’ai été fasciné tout de suite par cette interaction entre la communication en image statique et un univers qui crée un échange avec son vecteur. Une source d’inspiration incroyable, avec un champ des possibles inédit qui va devenir infini ! ».
Net plus ultra
Philippe Favoroso lance alors sa propre activité sur la base d’un logiciel qui permet de créer des parcs de véhicules d’occasion virtuels au sein desquels les gens peuvent faire leur large choix. Il n’a pas 30 ans et la société fondée avec deux associés s’appelle Gefigram. Il a le projet, l’arborescence, l’ergonomie en tête et connait une première réussite. Le concept de virtualisation sera revendu et Philippe continuera seul une aventure entrepreneuriale qui lui aura mis le pied à l’étrier dans le monde du net. En l’occurrence du net plus ultra au regard de son goût pour le qualitatif… Avec l’âme et l’envie des pionniers, il répond alors à de gros appels d’offres de collectivités et de projets divers durant 5/6 ans, puis accompagne un groupement d’entreprises à Paris en tant que consultant sur une réflexion globale de transformation, incluant les clients du groupe. Un travail de fond durant plusieurs années touchant les enjeux digitaux de 250 grands comptes nationaux ! Il prend même des parts sociales dans une des imprimeries du groupe à Nice avant de revenir totalement à l’univers numérique au milieu de la décennie 2010.
Il acquiert un précieux savoir-faire en solutions sur mesure de business en ligne, donnant un passage un coup de vieux aux sites web vitrines commerciales tant appréciés durant des années, et ne se trouve pas dépourvu quand la crise Covid fut venue. Il anticipe l’ère de la marque, identifie le business modèle de ses clients et le digitalise en faisant de la dentelle. Il est parfaitement à l’aise dans le nouveau monde.
Transition bien ordonnée
« Nous rentrons dans l’intimité de l’entreprise à tous les niveaux, produits, services, suivi, formation des équipes, expérience client, communication…, chaque détail compte. Ce n’est pas que de la création, c’est de l’accompagnement à la professionnalisation. Gefigram a pour mission de jouer un rôle central dans cette transition. En outre, être censé conseiller le meilleur dans la transformation digitale nous oblige à assumer cette promesse et à nourrir en permanence nos solutions. Le risque est de se « contenter » de l’aspect innovation. Je ne veux pas juste faire profiter de mes recherches, je m’engage avec responsabilité au cœur de la stratégie. C’est indispensable pour se projeter. N’ayant pas le droit de se tromper, l’agence se concentre sur du réalisable et du transformable, faisant primer l’éthique auprès de décideurs avec lesquels on partage des valeurs. Essentiel pour bien travailler ensemble et pour durer ».
Le plus court chemin pour assumer est la remise en question qui tape toutes les semaines à la porte de Philippe et de son équipe d’une dizaine de personnes soudées, performantes, réactives. Une passion déclinée en local, dans la région, mais aussi au national pour un tiers du volume d’affaires, sans velléité de croissance exponentielle, privilégiant le lien, la bonne distance, façon existentialisme en philosophie de vie chevillée au corps. Ce boulimique de travail renoue conjointement depuis quelques années avec son intention initiale de design à la faveur d’une autre activité de conseil d’agencement de show-rooms qu’il conçoit dans l’esprit des marques qui font appel à lui (une quinzaine par an en France). Sur son chemin, la créativité se suit à la trace…
Faire gagner le territoire
La fidélité aussi est toujours au rendez-vous. Elle constitue le point de départ de son engagement syndical à l’Union Patronale du Var. Son entreprise est sauvée des eaux au moment des dramatiques inondations du 15 juin 2010 à Draguignan grâce à un coffre de protection acheté à la société Ixarys (Lorgues) de Véronique Maurel et Patrick Hyppolite, dans lequel il conserve intacts tous ses fichiers et disques durs. A partir d’une relation professionnelle de confiance s’installe alors une grande amitié qui déborde par l’implication commune avec Véronique durant plusieurs années au sein de la délégation de Fréjus de l’Union Patronale du Var, puis celle de Draguignan. Depuis mi-2022, et l’élection de cette dernière à la présidence de l’UPV, il est son conseiller. « Véronique Maurel incarne l’honnêteté, l’incorruptibilité, la transparence. Elle dit ce qu’elle va faire et elle le fait avec une grande justesse ». Un soutien discret, dans l’ombre, qui se transforme depuis quelques mois en relais fort et visible sur le terrain à la tête de l’entité patronale Dracénoise.
« Entre les membres du bureau, dont je salue la compétence et l’inventivité, nous évoluons dans la concertation afin d’être force de propositions. L’enjeu, c’est la vision économique sur laquelle nous travaillons afin de porter à la connaissance des élus les constats, besoins, objectifs du monde entrepreneurial et les trajectoires pour les atteindre. Il n’est pas question de dire aux politiques ce qu’ils doivent faire, mais d’agir dans la transversalité, permettant à tout le monde d’avancer ensemble. On ne peut reprocher aux autres de ne pas faire les choses si on ne contribue pas nous-mêmes à des éclairages de terrain. Nous devons faire en sorte que Draguignan, qui a une histoire ancrée de cité administrative et militaire, soit aussi prospère par la production de plus de richesses, d’emplois, favorisant l’attractivité. Les entrepreneurs sont audacieux et la Dracénie mérite d’être ambitieuse ».
Pour mieux s’accorder sur une projection partagée, la délégation a lancé une vaste enquête visant à déceler des potentiels, cibler des filières, des sites, faire venir des entreprises. La discussion s’est ouverte avec les différents acteurs, incluant bien entendu les maires, qui seront en première ligne de la restitution cet automne, histoire de faire prendre le pouls de l’économie à quelques mois des élections municipales et de donner le goût de la marque employeur locale. Il s’agit de faire sens autour des conditions du vivre ensemble et d’explorer les espaces d’avenir. En résumé, « comment faire gagner le territoire sans le dénaturer ».
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