Le retour du Grand Prix de France de Formule 1 au Circuit Paul Ricard, du 21 au 24 juin, place le Castellet, le Var, la Région, sous les feux médiatiques internationaux. L’impact est fort et doit être maximisé pour se transformer en moteur de croissance.
« Le circuit du Castellet est un endroit magique, d’une technicité exceptionnelle, que le retour de la Formule 1 va permettre de redécouvrir », affirmait le 12 avril dernier in situ Gérard Cerruti, président de l’Union Patronale du Var, lors de la grande soirée de présentation du Grand Prix de France, organisée avec l’UPE 13 et la direction du GIP (Groupement d’intérêt public), ordonnateur de l’événement. Directeur général du circuit et de la société Excelis, détenue par une holding familiale qui a acquis les lieux en 1999 suite au décès de Paul Ricard deux ans plus tôt, Stéphane Clair s’emploie à l’ouvrir sur son environnement et dans son écosystème, perpétuant en quelque sorte l’esprit et la vision du fondateur. Cet ancrage territorial se traduit par 300 jours d’exploitation des installations, sur la piste principale, sur les pistes et activités périphériques, en prestations annexes, en loisirs sportifs, en séminaires et événementiels business (6 000 m2 d’espaces de réception)…, soit 80 salariés (110 ETP) et plus de 16 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017. En outre, la « destination Castellet » comprend de l’hotellerie-restauration très prisée, un golf, un aérodrome. Une base concrète et complète, à partir de laquelle tous les feux sont au vert pour le retour de la F1 sur un circuit qui a accueilli par le passé déjà lointain 14 grand prix entre 1971 et 1990. Mettant plus que sa pierre à l’édifice, la société a refait la piste aux dernières normes pour plus de 2,5 millions d’euros, construit une salle de presse de 1 000 m2 pour près de 2 millions d’euros, a investi en travaux divers de conformité au cahier des charges F1 environ 1,5 million d’euros. Le circuit est aujourd’hui la 5eenceinte sportive de France en capacité d’accueil, 85 000 spectateurs. Une modernisation qui devrait être récompensée par 20% de CA supplémentaire, avec un impact d’image considérable permettant de conforter et d’élargir les activités.
Impact financier…
Le retour de la Formule 1 dépasse bien entendu largement le seul cadre du circuit compte tenu de l’aura de cet événement mondial. Le Groupement d’intérêt public* dédié à l’organisation et à la promotion du Grand Prix de France pour cinq ans, de 2018 à 2022, avait fait réaliser en amont une étude d’impact par le cabinet Deloitte datée de novembre 2016. La pertinence est apparue évidente, sachant que l’abandon de notre grand prix national depuis 2009 est une anomalie dans le calendrier du championnat et une épine dans le pied que la Fédération Française du Sport Automobile aimerait bien s’enlever. Le Castellet est un des trois circuits homologués en France, il est implanté dans la région et le département touristiques phares de l’hexagone (après l’Ile de France), bénéficiant de dessertes multimodales alentours et d’un climat particulièrement favorable. D’un point de vue économique, il ressort de l’étude un impact régional de court terme estimé à 65 millions d’euros et 500 équivalents emplois créés ou conservés. A savoir 38 millions d’euros en impact primaire correspondant aux dépenses liées à l’organisation, à celles des spectateurs et membres de l’organisation, auxquelles il faut déduire le manque à gagner par effet d’éviction (touristes qui ne pourront venir pendant la durée du grand prix par saturation hôtelière). L’impact secondaire est estimé à 27 millions d’euros, comprenant les dépenses réalisées par les entreprises bénéficiaires de l’impact primaire auprès des fournisseurs locaux, ainsi que les achats effectués localement par les personnes ayant perçu une rémunération en lien avec l’événement. Un véritable effet de levier économique généré par les 14 millions d’euros de subventions.
… structurel…
L’enjeu dépasse cette manne financière directe. Compte tenu de la visibilité internationale offerte par l’événement sur cinq ans, au moins, l’opportunité est grande de promouvoir l’attractivité de la région au sens large, et plus particulièrement autour de l’automobile. Ainsi, dans le cadre de sa relation partenariale engagée depuis la fin de l’année avec le Conseil régional Paca, l’Agence de développement économique du Var, service intégré de la Chambre de Commerce et d’Industrie, est missionnée sur deux approches complémentaires et stratégiques. D’une part, elle pilote une étude sur la filière sports mécaniques/automobile/mobilité intelligente. Le programme de travail cible trois phases : un portrait de l’écosystème permettant de maîtriser les compétences en entreprises, en équipements, en formations, en capital humain, les marges de progrès aussi ; du benchmarking international sur d’autres écosystèmes ayant valorisé ce type d’événement par le développement de réseaux d’entreprises (d’où la délégation varoise et régionale emmenée par la président Jacques Bianchi mi-avril à Silverstone, où se déroule traditionnellement le Grand Prix de F1 de Grande Bretagne) ; des propositions de plans d’actions pour monter en puissance. Un appel à candidatures a été émis pour la réalisation de cette étude, dont les conclusions devraient être restituées, peut-être en débat public, début 2019.
Par ailleurs, la CCI du Var a lancé le 23 février dernier un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) sur une zone de 85 hectares immédiatement disponibles au sein du Parc d’activités du plateau de Signes qu’elle gère (105 hectares sur une étendue de 240 hectares sont commercialisés à ce jour). Les secteurs concernés touchent la santé, l’industrie cosmétique, le bien-être, l’agroalimentaire, les nouvelles technologies et énergies alternatives, la mobilité du futur et les sports mécaniques. Sur un lot de cet AMI, la Chambre est missionnée par la Région afin de créer un centre d’innovation, de la mobilité et de la sécurité routière, impulsé par le public et soutenu par le privé.
… humain
Autant d’éléments de nature à peser en faveur d’une nouvelle voie routière de déviation que tous les acteurs appellent de leurs vœux depuis quelque 30 ans (!), pour des raisons de sécurité et de fluidité de communication, reliant le site au Liouquet, entre Saint-Cyr et La Ciotat (entre Var et Bouches-du-Rhône donc), à proximité autoroutière immédiate. Un sujet capital pour l’avenir de ce territoire.
D’autres voies sont essentielles sur cette filière, celles de l’emploi et du savoir-faire. Alors que 13 181 entreprises emploient 35 382 salariés à l’échelle de la région, et que 5 000 jeunes sont en formation dans ce secteur créateur d’emplois, la pénurie de compétences traditionnelles, et plus encore celles corrélées aux évolutions technologiques, peut rapidement être handicapante. A l’ère des véhicules connectés, bientôt autonomes, les métiers de l’automobile sont à la croisée des chemins. Président régional du Conseil national des professions de l’automobile (CNPA), Patrick Chatrieux prône des formations d’excellence pour répondre aux nombreux besoins, y compris et surtout par l’alternance. Le retour de la F1 va susciter de la passion et des vocations qu’il serait judicieux de transformer en accélération du champ des possibles pour les jeunes. Les placer en pôle position sur le marché du travail, dans un domaine diversifié et d’avenir qui peut potentiellement leur offrir un plan de carrière, ne serait pas le moindre des atouts du retour du Grand Prix. Histoire de faire en sorte que le moteur de croissance soit économique et social…
Olivier Réal
* Le GIP Grand Prix de France, constitué pour porter la candidature du circuit du Castellet et pour organiser l’événement, placé sous la présidence de Christian Estrosi, rassemble les métropoles Nice Côte d’Azur, Toulon Provence Méditerranée, Aix-Marseille Provence, la Communauté d’agglomération Sud Sainte Baume (sur le territoire duquel se situe le circuit Paul Ricard), la Région Sud Provence Alpes Côte d’Azur, les Conseil départementaux du Var et des Bouches-du-Rhône, la CCI du Var, la Chambre régionalede Commerce et d’Industrie, la société Excelis, propriétaire exploitant du circuit
Repères
Grand Prix de France de F1
21 au 24 juin
Circuit du Castellet
5eenceinte sportive de France (85 000 spectateurs possibles)
65 millions d’euros de retombées attendues
Impact médiatique international
Organisateur GIP Grand Prix de France
Lancement par la CCI du Var d’une étude d’écosystème sur la filière
(13 181 entreprises, 35 382 salariés, 5 000 jeunes en formation dans la région)
Appel à Manifestation d’Intérêt sur 85 hectares du Plateau de Signes (CCI)
Futur centre d’innovation, de la mobilité et de la sécurité routière
*** Légendes photos :
Focus F1 Castellet photo 1 : Le 12 avril au Castellet, lors de la grande soirée de présentation du Grand Prix de France. Gérard Cerruti, au centre, entouré de Stéphane Clair à sa gauche (directeur du circuit), de son homologue Johan Bencivenga, président de l’UPE 13 à sa droite, et de Stéphane Gueydon, directeur de la CCI du Varet de son Agence de développement économique
Focus F1 Castellet photo 2 : Le circuit Paul Ricard, enceinte sportive de haut niveau
Focus F1 Castellet photo 3 : L’impact des dépenses dans l’environnement de l’événement est estimé à 65 millions d’euros