L’IUT Gestion des Entreprises et des Administrations de Draguignan (Université de Toulon) était le théâtre le 12 octobre de la 4e édition de Drac’Eco, salon d’affaires dédié aux dirigeants d’entreprise, sur fond de formation et de recrutement. Une réussite au regard de la mobilisation des acteurs économiques et de l’intérêt pour les visiteurs, à l’interface de l’offre, de la demande et de l’état du marché.
Former, insérer, embaucher, les enjeux autour de l’emploi ne manquent pas, mais à ce triptyque classique de la ressource humaine dans l’entreprise se greffent à la fois une urgence et un changement de paradigme.
L’urgence provient de la pénurie puisque tous les secteurs ou presque sont aujourd’hui en tension, et la perspective en queue de comète des départs en retraite de la génération du baby boom, devenue papy boom, augmente les inquiétudes tout en accélérant le besoin de solutions.
Quant au changement de paradigme, il est la conséquence post-covid de la quête de sens et d’une certaine réorganisation de la société en général et des sociétés en particulier, autour de la qualité de vie et des conditions de travail, incluant celles de télétravail.
Le CDI ne fait plus rêver, l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est devenu l’enjeu prédominant, et la marque employeur un des moyens d’attirer, de fidéliser, de déterminer des valeurs communes, parmi lesquelles l’écologie est un marqueur fort.
Au-delà, alors que l’épanouissement dans le travail continue de tomber en désuétude, il s’agit plus que jamais pour les dirigeants de faire comprendre à quel point il est structurant pour l’individu et en corollaire pour la collectivité. Par le travail, il s’agit de trouver ou de retrouver le chemin de la dignité. L’enjeu est majeur.
Tous les partenaires de Drac’Eco y ont contribué afin de mieux dessiner ensemble et en réseaux les voies de la réussite, à la faveur d’ateliers, de stands, de speed business meeting, mais aussi d’une grande conférence d’analyses et témoignages des acteurs économiques, privés, publics, impliqués sur le front de l’emploi, interrogés par Philippe Marquié, président du Club des entrepreneurs en Dracénie, et par l’Union Patronale du Var, notamment représentée par Christelle Caillaud, responsable des délégations territoriales.
Témoignages divers…
Ainsi, Myriam Garcia, sous-préfète de l’arrondissement de Draguignan, a pu dresser un panorama de l’emploi local, évoquant les tensions sur l’agriculture, le BTP et les emplois saisonniers, tout en précisant aux chefs d’entreprises qu’il est primordial de ne pas attendre l’incendie en cas de difficultés et que les services de l’Etat sont à l’écoute.
Sophie Dufour, adjointe au maire de Draguignan et membre du bureau de la Communauté d’agglomération, s’est félicitée d’une telle manifestation pour le territoire et en a remercié les organisateurs.
Christophe Aubois, vice-président de la délégation de l’UPV de Draguignan et du Haut Pays Varois, a lié la thématique du recrutement et de la formation aux fondamentaux de l’Union Patronale du Var, impliquée naturellement dans les problématiques des entreprises, mais aussi dans celles des jeunes via l’Ecole de la 2e Chance et l’Institut méditerranéen du sport, de l’animation et du tourisme.
Des thématiques emploi et formation reprises bien entendu à leur compte dans leurs interventions respectives par Michel Merly, élu de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat du Var, et par Sami Ben Larbi, hôte du jour au nom de l’IUT de Draguignan où il est enseignant-chercheur.
Parmi les arguments exposés par Thibault Astolfi, directeur de Proxima Intérim, le savoir-être apparaît en priorité sur les questions de recrutement, sachant que les futurs recrutés sont devenus très sensibles à la marque employeur.
L’échange avec Pascal Crescent, directeur des ressources humaines du Crédit Agricole Provence Côte d’Azur en Dracénie, s’est orienté, au-delà des profils, de façon très actuelle sur les notions de qualité de vie et de conditions de travail (QVCT), de plus en plus incontournables pour recruter et fidéliser.
Florence Laporte Auger, DRH de Dracénie Provence Verdon Agglomération, a abordé l’important volet du manque d’attractivité de la fonction publique, de l’avenir de son statut et des tensions là aussi sur l’emploi. Le champ des possibles et des métiers est pourtant très large, en particulier dans la territoriale, une des trois fonctions publiques avec la nationale et l’hospitalière.
Chez Mc Donald’s aussi on peut faire carrière, selon Jean-Laurent Paris, qui préside aux destinées de ceux de Trans-en-Provence et Draguignan. Encore faut-il trouver la main d’œuvre qualifiée ou à qualifier, a-t-il souligné, rencontrant les mêmes tensions sur le marché de l’emploi que les interlocuteurs précédents. Ici, il faut 100 entretiens pour recruter 10 salariés.
Christine Blondet, chargée de mission partenariat et innovation à la direction territoriale Pôle Emploi Var, a fait son tour d’horizon du rôle de la formation dans le processus de recrutement, ainsi que des dispositifs « maison » concourant à la montée en compétences, apportant un éclairage sur le marché dracénois, jusqu’à l’évocation des soft skills.
Mélanie Lecointre, chargée des relations employeurs à l’antenne Défense Mobilité de Draguignan, couvrant l’Est Var et les Alpes-Maritimes, est intervenue pour sa part sur le volet armée, dont le poids historique et les besoins sont omniprésents sur ce territoire.
Enfin, des besoins en emplois, Valérie Fougasse, en charge des ressources humaines chez Pizzorno, n’en manquent pas, dans un secteur de l’environnement et de l’économie circulaire en expansion. Cette locomotive locale cherche avec beaucoup de difficultés à recruter une trentaine de personnes par an et consacre 4% de sa masse salariale à la formation, dont 80% réglementaires dans un secteur en pleine évolution.
… et variés
Dans ce contexte, le petit pas de côté de sociétés à mission de Stéphane Benhamou, dirigeant de Paca Participations, et de Joël Oros, créateur de Soleil du Sud, était tout à fait à propos pour projeter la place de l’entreprise en prenant en compte les enjeux sociaux et environnementaux. Conseiller territorial de la CCI du Var également partenaire de Drac’Eco, président du MEDEF Var et président-adjoint de l’UPV, le premier nommé déploie à travers ses enseignes Super U, So bio, La Table du Chai, des actions en ce sens savamment pensées, à commencer par la définition de sa raison d’être et des objectifs qui en découlent. A savoir « Incarner un commerce singulier et engagé au service du mieux-vivre ensemble sur notre territoire ». Des valeurs fortes, qui sont avant tout celles des dirigeants qui le portent, sont mises en partage et profitent à l’emploi, conjointement à la fierté d’appartenance.
Le vice-président de l’UPV à Brignoles, Joël Oros, a engagé dès sa création il y a 15 ans son groupe leader varois dans production d’électricité photovoltaïque dans un esprit de durabilité. Laquelle s’applique à tout dans son entreprise, à commencer par chaque acte de chaque collaborateur. C’est la règle. Comme la raison d’être là aussi, incluant la responsabilité. 100% de CDI sans période d’essai, 100% de panneaux français, 0 sous-traitance, un maraîcher salarié chargé de nourrir les autres (!), un respect des fournisseurs…, l’objectif durable de Soleil du Sud est partout érigé en mission. L’embauche est constante dans cette PME de Rocbaron, y compris de jeunes venant de l’E2C. Tous deux sont des « prédicateurs », de la souveraineté alimentaire pour l’un, de l’alimentation électrique pour le second…
Alain Ortali est également en mission dans les établissements de formation et d’insertion qu’il dirige, adossés à l’UPV, en l’occurrence l’Ecole de la 2e Chance (E2C) et l’Institut Méditerranéen du Sport de l’Animation et du Tourisme (Imsat), qui sont plus que jamais des outils faisant le lien avec le recrutement. Dans une approche systémique incluant du sourcing, la connaissance des besoins, de l’innovation pédagogique, il s’interroge en permanence sur les contenus de formation, par exemple comment agir sur la motivation et la capacité de travail ? Des process sortent des normes, des expérimentations permettent de vérifier qu’il existe d’autres voies si l’on change un petit peu les paradigmes. Comment modifier le modèle, comment accompagner les jeunes à voir le travail comme quelque chose de stimulant, et plus encore de structurant ? Dès lors que l’on est dans un intérêt commun, il est possible de bien fonctionner, par la confiance, par l’autonomie. 1 000 entreprises partenaires des 5 campus de l’E2C Var peuvent en témoigner !
Avec Drac’Eco, les réseaux contribuent à former la jeunesse, à offrir des solutions aux entreprises, à ouvrir des voies de recrutement pour tous…
Partenaires Drac'Eco
Club des Entrepreneurs en Dracénie (CLED), Union Patronale du Var, Chambre de Commerce et d’Industrie du Var, Chambre des Métiers et de l'Artisanat de la région PACA, Dracénie Provence Verdon Agglomération (DPVA), Crédit Agricole Provence Côte d’Azur, GEA de l’IUT de Draguignan, Fédération du BTP du Var, CAPEB du Var, Initiative Var, EMOA Mutuelle du Var, Hyper U Les Arcs, Dirco4you, Château Sainte-Roseline, Palais du Café.