Août 2023 marque un profond changement de paradigme pour la société Seafloatech de Lionel Péan, pour ses partenaires et surtout pour l’écologie de notre bande littorale, à la faveur de la mise à l’eau d’une expérimentation internationale dans la zone de mouillage de Saint-Tropez. Un engagement fort pour cette "légende" de la course au large, dont la culture de la mer, de Saint-Malo à Port Grimaud, n’est pas le moindre atout.
L’opération Seafloatech Mooring P30-5 se déploie en cette première quinzaine d’août 2023 et prend surtout des allures de grande première internationale ! Le skipper de renom et chef d’entreprise inspiré Lionel Péan va en effet mettre à l’eau sa solution novatrice de mouillage écologique collectif de surface, alternative attendue aux pratiques sauvages et dévastatrices d’ancrage. Seafloatech rappelle le nom de l’entreprise, mooring signifie amarrage, P correspond au système en peigne pensé pour faire face aux flux les plus importants, le chiffre 30 définit la taille des bateaux accueillis et le 5 indique le nombre de places simultanées.
Derrière la description du nom, l’explication de texte est nécessaire. Fortement préoccupé par la face marine de la dégradation de la planète, épaulé par une équipe d’ingénieurs spécialisés dans le génie maritime, Lionel Péan met toute son expertise des mers et des océans au service de la protection du littoral. Dès le printemps 2019, il décroche le trophée de l’innovation nautique au salon Marina High-Tech de Villeneuve-Loubet et dévoile à cette occasion son process novateur de préservation des fonds marins. Fort de l’intérêt porté à son concept, il crée en février 2020 à Grimaud une entreprise dédiée, mais dont la ligne de flottaison est, au même titre que tous les secteurs d’activité, pour le moins secouée par la vague Covid.
Qu’à cela ne tienne, ce loup des mers a de la suite dans les idées et l’abnégation chevillée au corps. D’autant que les pouvoirs publics ont durci la législation sur la protection des fonds marins, notamment vis-à-vis des bateaux de 24 mètres et plus, considérant à son juste niveau les conséquences de la perte de plus de 30% de l’herbier de posidonies en Méditerranée. Lequel héberge 20% à 25% des espèces animales et végétales de notre mer, et produit 14 litres d’oxygène par jour au m2. L’enjeu de conservation de ce poumon vert est essentiel et les initiatives positives, de préférence à punitives, sont les bienvenues.
Ouvrir le champ des possibles
Ainsi, l’innovation brevetée de Seafloatech optimise via un module fixe les conditions de mouillage, entre autres propriétés, par une interface fond/flotteur préservant l’écologie du milieu marin. La phase test du produit, sur la base du prototype, démarre actuellement pour une utilisation temporaire de deux ans dans la zone de mouillage de Saint-Tropez, avec l’assentiment de la préfecture maritime, de la Communauté de communes du Golfe et de la ville. « L’ambition est de (dé)montrer que c’est possible, dans le respect l’environnement et à l’écoute des besoins de navigation, puis de convaincre les acteurs publics et économiques tout le long de la côte méditerranéenne. Malgré la pression estivale, nous savons répondre à la demande par une gestion raisonnée et rationnelle du littoral ».
Parmi les applications déclinées le long de cette plateforme d’un grand confort et parfaitement sécurisée, est notamment prévu le recyclage des eaux grises et noires des bateaux, histoire d’aller au bout de la démarche durable. La fenêtre de tir tropézienne devrait permettre une ouverture sur le monde, à dessein d’un développement à terme sous licence au plus près des clients. Une montée en puissance de l’activité serait synonyme de création d’emplois, puisque Lionel Péan envisage une dizaine d’embauches d’ici fin 2024 au sein de Seafloatech (trois personnes actuellement en dehors des experts). Sa start-up est plus que jamais dans les starting-blocks pour contribuer à gagner la course de vitesse contre le temps et les éléments. Pour cet ancien vainqueur (il y a 40 ans) de la Solitaire du Figaro (entre autres exploits à son palmarès), le succès sera collectif ou ne sera pas, tandis que pour l’ex-adjoint au maire - et à la mer - de Saint-Malo qu’il a été, l’intérêt général mérite que l’on se jette à l’eau.
- Afin de soutenir cette initiative et sensibiliser sur la protection des fonds marins, Olivier Perrin, vice-président de l’Union Patronale du Var, responsable de la délégation du Golfe de Saint-Tropez, a réuni en début de saison estivale, le 11 juillet dernier, une vingtaine de chefs d’entreprise du territoire sur le maxi catamaran Caseneuve. Lionel Péan a pu exposer son innovation, son engagement pour empêcher les yachts de détruire la faune marine, évoquer aussi son riche parcours de navigateur et d’expert maritime. Un souci écologique sur terre comme en mer que partage l’UPV sous l’impulsion de sa présidente Véronique Maurel, notamment en saisissant toutes les occasions de porter à connaissance des dirigeants des problématiques et solutions comme celles que propose Seafloatech.