Thierry Berger : « rendre l’apprentissage accessible à tous, partout »

Interview de Thierry Berger, président de l’association Formasup Méditerranée, qui déploie depuis plus de 30 ans, via les 4 Universités de Provence Alpes Côte d’Azur et les branches professionnelles de l’Union Patronale Régionale, des formations en alternance dans l’enseignement supérieur.
Qu’est-ce que Formasup Méditerranée et quelle est sa mission ?
Thierry Berger : « Formasup Méditerranée travaille au développement et à la gestion de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur public. Créé en 1993 par l’ensemble des acteurs universitaires et les représentants des entreprises via le MEDEF, Formasup Méditerranée est le Centre de Formations d’Apprentis (CFA) des quatre universités de la région Sud, de l’École Centrale Méditerranée, Sciences Po Aix et l’Institut National des Sciences et Techniques Nucléaires de Cadarache. Grâce aux liens historiques solides que le CFA entretient entre le monde académique et le tissu économique local, nous ouvrons des perspectives pour l’avenir des jeunes en prenant en compte les besoins concrets des entreprises ».
En quoi votre offre de formation se démarque-t-elle de celle des autres acteurs de l’alternance ?
Thierry Berger : « Notre vocation est de rendre l’apprentissage accessible à toutes et tous, partout. Cela signifie par exemple ouvrir des formations sur tout le territoire régional et dans un grand nombre de domaines, pour permettre aux jeunes de bénéficier de cette modalité de formation près de chez eux, mais aussi aux entreprises de recruter des talents à la source et de les former.
Avec un important maillage territorial, notre spécificité réside dans la très grande diversité de notre offre qui regroupe à la fois des domaines transversaux et des secteurs de pointe.
Toutes nos formations sont des formations de l’enseignement supérieur public dont la qualité est un atout majeur et qui sont sanctionnées par des diplômes reconnus à l’international. A cela, s’ajoute la proximité immédiate avec les dernières avancées de la recherche dont les apprentis et les entreprises qui les accueillent bénéficient directement.
Enfin, notre volonté de rendre nos formations toujours plus complètes et accessibles nous pousse à soutenir et promouvoir l’innovation pédagogique (utilisation de nouvelles approches et de nouvelles technologies). Transitions écologiques, intelligence artificielle…, le CFA investit dans les équipements qui permettent d’aller plus loin, toujours au bénéfice des alternants et de leur insertion professionnelle.
Le CFA est un facilitateur
Quelle est, selon vous, la véritable valeur ajoutée de Formasup Méditerranée pour les étudiants et les entreprises ?
Thierry Berger : « Grâce à notre vision interuniversitaire et interprofessionnelle, nous orientons les entreprises vers les formations qui préparent les profils dont elles ont besoin parmi plus de 450 parcours de formation répartis sur toute la région. Notre expertise de plus de 30 ans nous permet également d’apporter des réponses personnalisées sur les plans juridiques et financiers. Le CFA est un facilitateur ».
Pourquoi avoir choisi de vous implanter spécifiquement dans cette région ? Quels avantages y voyez-vous ?
Thierry Berger : « Formasup Méditerranée a été créée en PACA par la volonté des universités de la région et des représentants des entreprises locales. La région est donc notre périmètre historique. Nous y entretenons depuis plus de 30 ans des liens très étroits avec les différents acteurs économiques, académiques et institutionnels dans tous les domaines en lien avec notre activité. Notre réseau de partenaires est une véritable force au service de notre action ».
Comment la structure a-t-elle évolué au fil des années, notamment en termes de filières, de publics et de partenariats ?
Thierry Berger : « L’activité de Formasup Méditerranée a commencé en 1993, à une époque où proposer de l’alternance dans l’enseignement supérieur relevait plus de l’audace que l’ordinaire. Le CFA a débuté avec une équipe de 4 personnes et 4 formations sur l’Université d’Aix-Marseille. Pendant de nombreuses années, nous avons réalisé un travail de conviction et de persévérance, qui nous a permis d’enrichir régulièrement l’offre.
Il est clair que la loi Avenir professionnel de 2018 a marqué un tournant majeur. Notre offre, comme nos effectifs, ont été multipliés par 3 en 5 ans. Nos partenaires universitaires nous renouvellent leur confiance, comme nos partenaires institutionnels et économiques. Nous observons même un renforcement de nos liens car avec la libéralisation de l’alternance, beaucoup d’autres acteurs ont vu le jour, et notre expertise acquise de longue date semble être un gage de qualité apprécié.
Nous avons aujourd’hui une équipe de 50 salariés et plus de 450 parcours de formation en alternance, avec cette année encore 30 nouveaux parcours qui ouvriront à la rentrée ».
Constatez-vous une hausse de la demande pour l’alternance dans votre réseau ces dernières années ?
Thierry Berger : « A partir de 2018, la progression des effectifs a été extrêmement rapide. Depuis environ 2 ans, l’augmentation est plus ténue, mais l’activité reste intense et la conviction que l’alternance est une voie d’avenir très forte, que ce soit du côté des jeunes ou du côté des entreprises ».
La demande demeure soutenue
Le gouvernement a récemment annoncé une baisse des aides à l’embauche pour les alternants, avec un reste à charge obligatoire de 750 € pour les niveaux bac+3 et plus. Quelle est votre réaction face à cette mesure ?
Thierry Berger : « Nous soutenons l’apprentissage pour tous les niveaux de formation, même si notre CFA est spécialisé dans l’enseignement supérieur. Bien sûr nous trouvons dommage que le gouvernement introduise des contraintes supplémentaires pour les entreprises et les CFA de l’enseignement supérieur. Mais nous restons optimistes : les entreprises continuent de manifester le souhait de recruter en alternance. Sans doute parce que la motivation ne réside pas dans l’obtention d’une aide financière, mais plutôt dans l’expérience acquise au cours des dernières années de tout ce que ce type de recrutement apporte à l’entreprise ».
Quels retours avez-vous eus de la part des entreprises partenaires de Formasup Méditerranée ? Cette réforme freine-t-elle leurs projets de recrutement pour la rentrée ?
Thierry Berger : « Les résultats de l’enquête réalisée auprès des entreprises au mois de mai montrent qu’elles persistent dans leur volonté de former les jeunes. C’est effectivement ce que nous avons observé dans la foulée des annonces du gouvernement. Les campagnes de recrutement d’alternants ont continué, certaines entreprises ont proposé des solutions pour pallier la réduction des aides, et effectivement elles sollicitent nos services pour être accompagnées en vue de nouveaux recrutements. C’est très encourageant ».
Dans ce contexte, quels leviers comptez-vous activer pour maintenir le cap à la rentrée prochaine ?
Thierry Berger : « Notre stratégie repose depuis longtemps sur deux piliers : la qualité et la diversification. La qualité est un axe d’engagement primordial chez nous. Nous ne nous contentons pas de répondre au minimum légal. Nos formations partenaires non plus. A titre d’exemple, le CFA est certifié ISO 9001 depuis plus de 25 ans. En 2024, il est le premier CFA de France à avoir obtenu le double label Diversité et Egalité professionnelle. Avec les formations, nous travaillons sur l’accompagnement responsable et de qualité des alternants suivant les axes de la Charte du ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation à laquelle nous avons contribué. Bref, la qualité est notre boussole. De plus nous accompagnons fortement les apprentis vers la mobilité internationale pendant l’apprentissage qui leur permet d’acquérir des compétences supplémentaires, notamment en matière de management et d’innovation : nos apprentis ouverts sur le monde sont des « change-makers » de la transition écologique, des nouvelles technologies et de l’inclusion.
Le deuxième pilier de notre stratégie, c’est la diversification. Notre offre s’enrichit d’année en année, ce qui nous rend adaptables face aux changements nombreux auxquels nous sommes désormais habitués à faire face. La diversification nous permet également de répondre aux besoins des entreprises qu’elles cherchent à recruter sur des métiers « classiques », sur des métiers en tension ou sur des métiers innovants voire des métiers du futur ».
Autre axe fort du gouvernement : renforcer les contrôles qualité dans les CFA et lutter contre les fraudes. Est-ce, selon vous, une étape indispensable pour assainir le secteur, ou une nouvelle contrainte dans un environnement déjà très normé ?
Thierry Berger : « Il est certain que l’augmentation des contrôles ne nous réjouit pas particulièrement à première vue. C’est effectivement très lourd et contraignant pour les formations et nos équipes. Mais sans doute faut-il en passer par là pour rétablir la situation. Et comme la qualité est notre cheval de bataille depuis longtemps, nous sommes assez sereins sur le fond ».
Propos recueillis par Joséphine Thieffry - Zamaron (MEDEF Sud)
Photo du haut : Thierry Berger (3e à droite), avec Stéphane Benhamou, président du MEDEF Sud, Simon Babre, préfet du Var, et Lionel Levy, chef étoilé sur l’île de Bendor, lors du premier concours régional des « Pépites de l’alternance », organisé en octobre à Toulon, au siège de l’Union Patronale du Var, par le MEDEF Sud, en partenariat avec Formasup Méditerranée et l’APEC Paca Corse
Mise en exergue de l’Ecole de la 2ᵉ Chance (E2C) et de l’Institut méditerranéen du sport, de l’animation et du tourisme (Imsat), de ses formations, de ses acteurs, de ses partenaires.
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